Les start-up sont des entreprises particulières — et leurs particularités impliquent qu’une banque ne devrait pas analyser leur situation financière de la même manière qu’elle analyserait la situation financière d’une PME traditionnelle. Les start-up sont des entreprises de l’économie numérique, et des entreprises qui privilégient leur croissance à leur rentabilité — parce qu’elles espèrent profiter des dynamiques propres à l’économie numérique pour passer en quelques années de petites entreprises à des mastodontes cotés en bourse.
L’analyse d’une start-up doit donc être différente de l’analyse d’une PME traditionnelle : parce que leurs objectifs et leurs modèles économiques sont différents. Or, les banques traditionnelles analysent les entreprises grâce à des ratios et des indicateurs qui sont peu pertinents pour une entreprise innovante, ou tout du moins insuffisants au moment de l’analyse. Ces critères d’évaluation excluent de possibles financements des entreprises en forte croissance pourtant tout à fait en mesure de rembourser des crédits — par exemple des start-up qui ont levé des fonds leur permettant de vivre pendant plusieurs années.
Pour analyser une entreprise numérique, il faut utiliser d’autres indicateurs :
- cash runway (durée de survie de l’entreprise au rythme actuel de dépenses et de recettes) ;
- coût d’acquisition client ;
- life-time value (recettes totales générées par un client pendant sa relation commerciale avec l’entreprise) ;
- churn rate (taux d’attrition : pourcentage de clients qui arrêtent de consommer les produits ou services de l’entreprise sur une période donnée) ;
- annual recurring revenue (revenus issus des abonnements des clients sur les douze prochains mois)…
Ces indicateurs mesurent la capacité d’une entreprise innovante à croître, à conquérir de nouveaux clients, tout en maîtrisant ses coûts. D’autres critères qualitatifs sont également très importants, comme le profil et la personnalité des fondateurs de la start-up.
Malheureusement, les banques traditionnelles connaissent mal ces indicateurs — et comprennent mal de façon générale l’économie numérique, et la façon dont les start-up opèrent et gagnent de l’argent : abonnement à un logiciel en ligne (SaaS), prise de commissions sur des échanges entre acheteurs et vendeurs sur une place de marché… Comme elles comprennent mal ces modèles, les banques ont du mal à repérer les start-up qui ont un modèle d’affaires solide, et des perspectives de croissance exponentielles. Elles préfèrent donc ne pas prendre de risque.