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Parlons banque

Memo Bank propose des cartes à débit différé qui donnent une visibilité immédiate sur les dépenses par carte. Ça veut dire quoi ?

18 février 2022

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6 minutes

Vous avez vu que Memo Bank venait de sortir des cartes Visa corporate à débit différé et vous vous demandez ce que la notion de « temps réel » vient faire là-dedans. Nous avons demandé à Michel Galibert, le directeur des opérations de Memo Bank, de répondre aux question que vous pourriez vous poser sur le lien entre paiement à débit différé et visibilité des achats en temps réel.

J’ai déjà accès à des cartes de paiement dans ma banque traditionnelle. Les cartes de Memo Bank ont l’air jolies, je vous l’accorde mon cher Michel, mais qu’apportent-elles de plus par rapport aux autres ?

Je m’excuse de répondre à votre première question par une question, mais qu’entendez-vous exactement par « carte de paiement » ? Ce que nous appelons « carte de paiement » chez Memo Bank ne correspond peut-être pas à ce que vous avez en tête quand vous parlez de « carte bancaire », par exemple…

Épargnez-moi vos ficelles d’étudiant en sciences politiques, Michel… Je vous ai posé une question simple : pourquoi devrais-je m’intéresser à vos cartes alors qu’elles arrivent 1 000 ans après celles de ma banque ?

Je ne vais pas faire mon étudiant en sciences politiques, puisque je vais répondre à votre question sans noyer le poisson. Je vais même vous faire deux réponses — une pour chaque définition possible de la notion de « carte bancaire ». Vous choisirez celle qui vous convient.

Première définition (et première réponse) : une carte bancaire est un morceau de plastique assez bête, sur lequel se trouve une puce assez banale, et le tout permet de payer au restaurant, en boutique, ou en ligne. Si vous considérez qu’une carte bancaire n’est rien de plus qu’un rectangle en plastique, alors la réponse à votre question est : nos cartes ressemblent à toutes celles que vous utilisez déjà dans votre banque traditionnelle. Nous n’avons pas cherché à nous distinguer sur la forme ou sur les matériaux de nos cartes. Les cartes Visa corporate de Memo Bank sont des cartes tout à fait ordinaires. Elles n’embarquent aucune « intelligence » particulière.

Seconde définition (et seconde réponse) : une carte bancaire est une interface entre le compte courant d’une entreprise et le monde extérieur. Si vous considérez les cartes, non plus comme un simple produit, mais comme le premier maillon d’une chaîne de services bancaires, alors la réponse à votre question initiale devient : nos cartes ne ressemblent pas aux cartes ordinaires, car elles vous donnent accès à plus de services qu’une carte ordinaire. Nous avons cherché à innover sur les services que nous fournissons à nos clients en complément des cartes, pas sur les cartes en elles-mêmes.

Pour vous répondre en une phrase : nos cartes ressemblent à toutes les cartes qui existent déjà, mais elles vous donnent accès à un système de suivi des dépenses qu’aucune autre banque ne propose à ce jour.

Mais pourquoi ne pas avoir innové sur le format de vos cartes, alors que vous dites que personne (ou presque) ne fait ça actuellement ? Vous arrivez après tout le monde, mais vous faites comme tout le monde malgré tout. Pourquoi ?

Parce que nos clients n’attendent pas de nous que nous inventions des cartes qui puissent servir d’appareil photo, de calculatrice, ou de lampe torche. Toutes ces innovations sont techniquement possibles, bien sûr, mais elles ne nous semblent pas souhaitables. Pire, ces innovations à même la carte seraient anachroniques, elles arriveraient à contre-temps. À quoi bon innover sur un bout de plastique, quand le bout de plastique en question n’est plus nécessaire pour payer la plupart du temps ?

Je m’explique. Avant Internet, vous aviez besoin de votre carte bancaire en plastique pour 100 % de vos achats. Mais nous ne sommes plus dans les années 1980. Aujourd’hui, quand vous faites un achat en ligne, la puce de votre carte ne vous sert à rien. Et je ne vous parle même pas de la bande magnétique qui se trouve au dos de votre carte… Pour payer sur Internet, un simple numéro de carte suffit. La carte physique en elle-même devient de plus en plus décorative. Elle peut éventuellement montrer où vous vous situez socialement parlant, si elle est dorée ou noire par exemple, mais on parle là d’attributs esthétiques, symboliques, sans utilité technique.

Internet est en train de faire pour les cartes bancaires ce que les cartes bancaires ont fait pour l’argent liquide, c’est-à-dire : rendre facultatif ce qui était jusque-là en place. Avec les cartes, les pièces et les billets sont devenus facultatifs. Avec le numérique, ce sont les cartes elles-mêmes qui deviennent facultatives. L’histoire se répète. Les cartes sont en voie de dématérialisation, comme les billets de train, ou les tickets de cinéma avant elles. Au lieu d’innover sur un support rectangulaire qui n’a plus vraiment d’utilité réelle, nous avons donc cherché à innover sur les services immatériels qui nous semblent utiles aux entreprises, comme le paiement à débit différé, le suivi des achats en temps réel, et l’ajout de justificatifs aux transactions.

Parlons du débit différé justement. Vous présentez ça comme une grande révolution, alors que la plupart des banques traditionnelles le proposent depuis la nuit des temps. Vous n'en feriez pas un peu trop sur ce coup, Michel ?

Vous avez raison. La plupart des banques proposent des cartes à débit différé aux dirigeants de PME et à leurs équipes. Question : utilisez-vous les cartes à débit différé proposées par votre banque ?

Non, je me contente de cartes à débit immédiat, car j’aime bien savoir où j’en suis au jour le jour.

C’est intéressant, car votre position ressemble à celle de nombreux chefs d’entreprise : ils pourraient choisir des cartes à débit différé, mais ils optent pour des cartes à débit immédiat, car ce sont les seules cartes qui leur permettent de garder de la visibilité sur leurs dépenses. Comme vous, beaucoup de dirigeants savent que s’ils choisissent des cartes à débit différé, ils vont devoir attendre la fin du mois pour avoir le détail de leurs achats par carte. Et ils veulent éviter ça. Personne n’a envie d’attendre 30 jours pour avoir la liste de ses dépenses. Dans ces conditions, la plupart des dirigeants optent pour des cartes corporate à débit immédiat — et tant pis si leur trésorerie trinque à chaque fois qu’ils passent en caisse.

Mais pourquoi les dirigeants devraient-ils choisir entre débit différé et visibilité sur les dépenses ? Pourquoi ne pourraient-ils pas avoir les deux en même temps ? Attention, nous ne sommes pas en train de dire que les banques font de la rétention d’informations quand elles n’envoient qu’un seul relevé d’achats par mois à leurs clients. Les banques aimeraient sans doute pouvoir donner plus de visibilité à leurs clients, mais elles ne le peuvent pas toujours, car leurs systèmes informatiques ne le permettent pas toujours. Comme nous avons construit notre propre système informatique, nous avons pu contourner cette limitation technique. Nos cartes Visa corporate sont donc bien des cartes à débit différé, mais elles donnent aussi à nos clients une visibilité immédiate, en temps réel, sur leurs achats par carte.

Pouvez-vous me redire ce que vous venez de me dire, Michel, mais en parlant français cette fois ?

Prenons un exemple. Admettons que vous achetiez un purificateur d’air pour vos bureaux. Vous faites votre achat le 5 du mois, avec une carte à débit différé. Que se passe-t-il ensuite ? Dans certaines banques, la réponse est : rien. Il se passe des choses dans les systèmes informatiques de la banque, bien sûr, mais vous n’y avez pas accès. Pour retrouver la trace de l’achat que vous avez effectué en début de mois, vous devez attendre la fin du mois, voire le premier jour du mois suivant. Vous bénéficiez du débit différé, bien sûr, ce qui préserve votre trésorerie en vous dispensant d’avancer les frais liés à votre purificateur d’air. C’est un avantage indéniable. Mais vous n’avez pas de suivi immédiat de vos dépenses en parallèle, car votre liste de dépenses par carte ne tombe qu’une fois par mois — ce qui n’est pas très « immédiat », vous en conviendrez.

Admettons maintenant que vous fassiez le même achat, au même endroit, le même jour, mais avec une carte Memo Bank cette fois. Que se passe-t-il cette fois-ci ? Réponse : cette fois, votre achat apparaît de suite sur votre relevé de compte Memo Bank. Pas 30 jours plus tard, pas 2 jours plus tard, pas même 1 jour plus tard, mais bien tout de suite, dans les secondes qui suivent votre paiement. C’est aussi simple que ça. Vous achetez quelque chose, votre achat apparaît de suite sur votre comptes Memo Bank, mais il ne vous est débité que le premier jour du mois suivant. C’est du débit différé, ça préserve votre trésorerie comme du débit différé, mais ça vous évite le côté « boîte noire » du débit différé ordinaire. Avec Memo Bank, vous y voyez clair de suite, même si votre achat par carte ne vous est débité que le mois suivant.

Très bien. Très clair. Merci Michel. Tout ce que vous me décrivez me semble très bien, mais les fintechs proposaient des cartes à débit vraiment immédiat bien avant vous. Là encore, vous faites passer un simple rattrapage pour un incroyable dépassement. C’est osé, mais un peu gros. Vous auriez dû faire une école de commerce.

C’est marrant car j’ai appris à oser en école de commerce justement. Mais passons… Pour vous répondre : je n’ai aucun mal à dire que les fintechs n’ont pas attendu Memo Bank pour faire des choses très bien avec les cartes à débit immédiat. L’ennui, c’est que les fintechs ne sont pas des banques. C‘est ce qui fait aussi leur force vous me direz. Soit. Mais dans le cas du débit différé, l’absence d’agrément d’établissement de crédit est plus un inconvénient qu’un avantage à mon avis. Comme les fintechs ne sont pas des banques, elles ne peuvent pas faire crédit à leurs clients, et par extension, elles ne peuvent pas proposer de cartes à débit différé.

De votre côté, pour avoir accès aux avantages des cartes offertes par les fintechs, vous devez alimenter le compte lié aux fameuses cartes. Comme les fintechs ne peuvent pas vous faire crédit, elles ont besoin d’avoir accès à vos fonds avant que vous ne puissiez les dépenser avec vos cartes magiques. Vous devez donc penser à alimenter en début de mois le compte lié à vos cartes magiques, celui de votre fintech, ce qui vous fait un compte en plus à gérer. Pas vraiment pratique selon nous.

Avec Memo Bank, vous gardez tout au même endroit, sous le même toit. Comme nous gérons à la fois vos comptes et vos cartes, vous n’avez pas à gérer deux sites en parallèle pour suivre vos dépenses par carte. Tout se passe sur votre espace de travail Memo Bank. Ce n’est pas une immense révolution, certes, mais nous pensons que les dirigeants y gagneront en simplicité. De la même manière que les gens achètent des ordinateurs Apple car ils souhaitent bénéficier de l’intégration entre les machines Apple et les applications Apple, nous pensons que nos clients apprécient d’avoir une intégration forte entre leurs comptes courants et leurs cartes.