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Écrit par Hadrien Léger

Publié le

Les mesures de soutien à l’économie ont été utiles

La newsletter Memo Bank du 19 novembre 2021.

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À lire

Le « quoi qu’il en coûte » a-t-il coûté si cher ?

Que se serait-il passé, si l’Allemagne et le Japon avaient remporté la Seconde Guerre mondiale ? Si Napoléon avait triomphé en Russie ? Si Alexandre le Grand avait envahi l’Italie et attaqué la jeune République romaine ? De Tite-Live à Philip Roth, de nombreux historiens et écrivains se sont amusés à manier l’uchronie. L’uchroquoi ? Dans une uchronie, l’auteur imagine ce qui se serait passé si des évènements historiques s’étaient déroulés différemment — ou s’ils ne s’étaient pas produits du tout.

Cette semaine, l’Institut des politiques publiques (IPP) et le Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) se sont eux aussi essayés à l’uchronie. L’IPP et le Ceremap ont présenté leur évaluation annuelle de la politique économique menée par le gouvernement depuis le début de la crise économique et sanitaire. Les chercheurs des deux organismes ont modélisé ce à quoi aurait ressemblé l’économie française si le gouvernement n’avait pas compensé les effets de la crise avec des mesures de soutien destinées aux entreprises et aux ménages. Leurs conclusions sont univoques : si les interventions de l’État ont coûté cher, une absence d’intervention aurait été bien plus coûteuse.

L’IPP et le Cepremap ont d’abord travaillé sur le PIB. Pour présenter les évolutions du PIB, les chercheurs ont fixé sa valeur à 100 au premier trimestre 2020 — avant le début de la crise sanitaire. Dans la réalité, le PIB est tombé au deuxième trimestre 2020 à 95, et au troisième trimestre à 83 (une chute de 17 %). Dans l’uchronie des chercheurs, si le gouvernement n’avait pas généralisé le chômage partiel, ou mis en place le prêt garanti par l’État (PGE), le PIB serait tombé à 80 au deuxième trimestre 2020, et à 63 au troisième trimestre (une chute de 37 %). Les mesures gouvernementales ont également permis l’accélération de la sortie de crise. Dans la réalité, l’INSEE a annoncé le 29 octobre dernier que le PIB français était quasiment revenu à son niveau d’avant-crise. Dans l’uchronie de l’IPP et du Ceremap, la France n’aurait retrouvé ce niveau de PIB que début 2023, soit plus d’un an plus tard.

Les mesures gouvernementales ne sont pas la seule cause du retour rapide à la normale. La crise économique engendrée par l’épidémie de Covid-19 est différente des autres crises financières que nous avons connues. Comme l’explique l’économiste Daniel Cohen dans une tribune au Monde, les autres crises diminuaient la confiance des investisseurs, ce qui conduisait à un blocage des investissements et des embauches sur le long terme ainsi qu’à une dégradation de la consommation. Avec le Covid-19, la confiance des agents économiques a été étroitement (et inversement) corrélée aux chiffres de la contamination. Dès que les contaminations baissaient, la confiance revenait, les investissements et la consommation reprenaient.

Si les mesures gouvernementales ont permis de soutenir l’économie, n’ont-elles pas trop creusé la dette publique ? Là encore, l’IPP et le Cepremap affirment que le « laisser-faire » aurait été pire. Ils n’analysent pas la valeur de la dette publique, mais le ratio d’endettement de l’État français (dette publique/PIB). Ce ratio est censé illustrer la capacité d’un État à faire face à ses dettes. Si vous vous souvenez de vos cours de mathématiques sur les fractions, vous saurez que ce ratio peut augmenter de deux manières : soit la dette augmente, soit le PIB diminue. C’est la même chose pour une entreprise ou un particulier : si votre dette reste la même, mais que vous devenez moins riche, vous aurez plus de difficultés à rembourser votre dette. Bien que les mesures du gouvernement aient creusé la dette publique (ce qui fait augmenter le ratio d’endettement), l’absence de mesures aurait conduit à une très forte baisse du PIB (ce qui aurait fait augmenter le ratio d’endettement). Dans la réalité, le ratio d’endettement a augmenté de 15 points. Dans l’uchronie de l’IPP et du Ceremap, il aurait augmenté de 45 points.

Les mesures d’aides aux entreprises ont-elles atteint les entreprises qui en avaient besoin ?

Les résultats de l’étude de l’IPP et du Cepremap comprenaient trois volets : le volet macroéconomique présenté ci-dessus, un volet sur les effets des politiques gouvernementales sur les entreprises, et un volet sur les effets de ces politiques sur les ménages. Dans le volet consacré aux entreprises, l’objectif des chercheurs était d’étudier le profil des entreprises qui avaient bénéficié des aides gouvernementales : leur taille, leur secteur, leur exposition à la crise. Plus précisément, les chercheurs ont cherché à savoir si les aides ont bien profité aux entreprises qui en avaient vraiment besoin.

Première constatation : les effets de la crise ont touché les entreprises françaises de manière hétérogène. Beaucoup d’entreprises ont connu des pertes de chiffre d’affaires : les entreprises dont le chiffre d’affaires a baissé entre avril 2020 et mars 2021 (par rapport aux quatre trimestres précédents) représentent 60 % de la valeur ajoutée de l’économie française. Les entreprises dont le chiffre d’affaires a stagné représentent quant à elles 10 % de la valeur ajoutée, et celles qui ont connu une hausse de chiffre d’affaires comptent pour 30 % de la valeur ajoutée.

L’étude s’interroge ensuite sur la pertinence du ciblage des aides gouvernementales. L’IPP et le Cepremap distinguent deux phases. La première phase s’étend de mars à septembre 2020. C’était le début de la crise : personne ne savait comment évoluerait la pandémie. Les aides gouvernementales, décrétées dans l’urgence, visaient à préserver l’ensemble de l’économie. Elles n’étaient pas réservées aux entreprises de certains secteurs, ou d’une certaine taille. Qu’elles soient en difficulté ou pas, les entreprises ont eu recours aux mesures phares de cette période : le PGE et le chômage partiel. À l’exception du cas des entreprises qui ont subi les plus fortes baisses de chiffre d’affaires, l’étude montre qu’il n’y a pas de relation entre la variation de chiffre d’affaires et le volume d’aides reçues — et peu de relation entre la taille des entreprises et les aides reçues.

La seconde phase s’étend d’octobre 2020 à octobre 2021. Elle est marquée par un changement de stratégie du gouvernement, à l’occasion du deuxième confinement. Aux aides tous azimuths de la première phase s’est substituée une approche plus ciblée, pour soutenir les secteurs les plus en difficulté. Le fonds de solidarité pour les entreprises (FSE), qui compense les pertes de chiffres d’affaires des entreprises fragilisées par la crise, devient l’un des principaux leviers de l’action publique. Ses critères d’éligibilité varient chaque mois en fonction de l’évolution de la situation économique. L’étude montre que durant cette deuxième phase, les aides ont été efficaces. Plus les entreprises ont subi des pertes de chiffres d’affaires, plus elles ont été aidées. Et plus les entreprises étaient petites, plus elles ont été aidées.

À parcourir

L’inflation sera-t-elle temporaire ou durable ? Alors que les banques centrales et les personnalités politiques évoquaient ces derniers mois un phénomène passager, les hausses de prix constatées aux États-Unis et en Europe inquiètent. lemonde.fr

Découvrez comment l’entreprise Smart Tribune économise 20 % du temps consacré à sa comptabilité grâce à Memo Bank. memo.bank

Les attaques par rançongiciel auraient été multipliées par 4 entre 2019 et 2020. Le magazine Be a Boss a listé 6 points clés que les PME doivent considérer pour se prémunir efficacement contre ces attaques. beaboss.fr

Les PME françaises de la cosmétique s’inquiètent d’une nouvelle réglementation chinoise, qui pourrait les obliger à transférer leur savoir-faire aux autorités de l’empire du Milieu (pratiques de fabrication, produits et principes actifs utilisés, etc.). lesechos.fr

Un coup de frein qui pourrait alimenter la hausse du coût de l’énergie : les Allemands retardent l’ouverture de Nord Stream 2, un gazoduc au cœur de jeux d’influence géopolitiques entre la Russie et les États-Unis. latribune.fr

Strangers on a Train. L’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire pousse une nouvelle génération d’entrepreneurs à tenter l’aventure du rail : lignes délaissées par la SNCF, TGV low-cost, trains de nuit… lemonde.fr (article payant)

Des chiffres

66 % des TPE-PME possèdent aujourd’hui un site internet (hors réseaux sociaux), contre 37 % avant la crise. Ce chiffre est issu du premier baromètre France Num de la transformation numérique des TPE-PME, publié par la Direction générale des entreprises. D’autres données illustrent la progression de la maturité numérique des TPE-PME françaises : 20 % d’entre elles possèdent désormais un site de vente en ligne (9 % avant la crise), et 78 % de leurs dirigeants considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise (68 % avant la crise).

Des lettres

« Elle se pencha pour voir la couverture du livre. Elle en avait entendu parler, oui. Des tas de gens le lisaient. “Mais Franck et moi… mon ex-mari et moi… on discutait souvent de ce que serait devenu le monde si les Alliés avaient gagné la guerre.” »

— Philip K. Dick (1962). Le Maître du Haut Château.

À pourvoir

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