Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’attendre l’inspiration d’une idée révolutionnaire pour se lancer et créer une entreprise. Au lieu d’attendre encore et encore le concept qui changera le monde à jamais, il est tout à fait possible de prendre une industrie existante, de l’étudier sérieusement et patiemment, et de comprendre ce qui doit être amélioré. En se documentant, en lisant, en parlant à des gens du milieu, vous pouvez jauger les forces et faiblesses des acteurs en place. Au bout d’un certain temps, vous allez finir par comprendre comment les pièces du puzzle s’emboîtent entre elles, et il est très probable que vous en trouverez une qui gagnerait à être améliorée, retravaillée.
La pièce en question n’a pas besoin d’être particulièrement sophistiquée, ce qui compte c’est de bien la choisir. Si vous la travaillez ensuite avec méthode, en faisant les choses dans l’ordre, vous pourrez alors apporter du nouveau et faire la différence. Essayez, vous verrez. Choisissez une catégorie — n’importe laquelle — étudiez-la de près, et vous verrez rapidement que les pièces qui la composent sont souvent mal dégrossies, usées, voire cassées.
Nous avons examiné attentivement le puzzle de l’industrie bancaire et nous sommes convaincus que certaines pièces mériteraient d’être remplacées. C’est la raison pour laquelle nous construisons une nouvelle banque, à partir d’une page blanche.
L’industrie bancaire a été bouleversée au cours des 30 dernières années. Les grandes banques que nous connaissons se sont structurées à une époque où la notion de régulation émergeait à peine, où toutes les procédures reposaient sur l’échange de papiers, où aucun de leurs clients n’avait encore accès à Internet (et encore moins à un mobile). La multiplication des crises économiques et la montée en puissances de nouvelles technologies, à la fois puissantes et abordables, ont profondément changé le comportement des clients. Pendant que les banques traditionnelles se plaignent d’être trop régulées, leurs clients souffrent d’être délaissés, ils souhaiteraient que les banquiers soient plus accessibles, plus disponibles.
Gérer une banque n’est pas chose facile. Il faut maîtriser et répartir les risques, ce qui implique de soutenir les clients qui représentent un risque mesuré tout en refusant les projets trop risqués — qui sont hélas majoritaires. Il ne s’agit pas là d’une coquetterie, mais d’une question de vie ou de mort pour la banque. Une bonne gestion des risques est nécessaire pour protéger les clients de la banque et la banque en elle-même. Les banques sont la pierre angulaire de l’économie, elles doivent tout faire pour ne pas faillir, en toutes circonstances elles doivent tenir. C’est une lourde responsabilité.
Comme beaucoup d’entreprises, les banques doivent gérer de nombreux difficultés, souvent invisibles de l’extérieur, et elles doivent les gérer sur le long-terme. Malheureusement pour elles, leurs clients ne sont pas sensibles à tous les efforts qu’elles déploient en coulisse. Et pourquoi devraient-ils y être sensibles après tout ? Si un garagiste refusait de réparer votre voiture au motif qu’il n’est pas équipé pour prendre en charge des véhicules récents, vous iriez voir ailleurs. Les détails techniques ne sont pas votre problème. Vous attendriez probablement du mécanicien qu’il se tienne raisonnablement à la page et soit au fait des évolutions apportées par les constructeurs.
Les problèmes des entreprises ne sont pas les problèmes de leurs clients. Ces derniers attendent toujours plus de qualité pour un coût de moins en moins élevé, qu’ils agissent à titre personnel ou professionnel. Comme leurs clients ne sont plus captifs, de nombreuses industries sont pressées de s’adapter, et beaucoup s’ajustent en changeant leur modèle d’organisation pour se rapprocher des clients.
Nous pensons que les petites et moyennes entreprises (PME), et à travers elles les dirigeants, les comptables, les employés, sont celles qui pâtissent le plus du système bancaire actuel. Les PME sont difficiles à gérer pour les banques : elles ont besoin de réponses rapides, elles sont toutes différentes les unes des autres, elles nécessitent un traitement sur-mesure peu compatible avec la structure de coûts des banques traditionnelles.
Nous avons pour ambition de proposer aux PME un nouveau type de banque, une nouvelle expérience bancaire. Pour y parvenir, nous allons devoir repartir de zéro, tout revoir. Il ne s’agit pas uniquement d’un problème de technologie. Nous devrons aussi repartir d’une page blanche en matière de :
- procédures internes, pour permettre aux banquiers de se concentrer sur leurs clients ;
- gestion des risques, pour en améliorer la modélisation et la précision ;
- organisation des équipes, pour que les employés travaillent dans un but commun.
Nous allons aussi et surtout devoir adapter la culture bancaire pour la rendre plus ouverte, plus internationale, car nous évoluons dans un cadre européen, lui-même inscrit dans des échanges mondiaux.
Nous n’en sommes qu’au début. Nous commençons à poser les jalons d’une nouvelle banque pour les PME européennes. Nous espérons devenir leur meilleur allié. La tâche est conséquente, les défis sont nombreux, mais nous sommes prêts à les relever.
Mise à jour du 23 juin 2020 : nous sommes désormais une vraie banque.