20 milliards supplémentaires pour soutenir les entreprises
Le nouveau confinement national, annoncé mercredi soir par le président de la République, va contraindre de nombreuses entreprises à garder le rideau baissé pendant plusieurs semaines. Pour aider les dirigeants à traverser ce deuxième confinement, le gouvernement prévoit de reconduire les mesures de soutien aux entreprises mises en place lors du premier confinement (mars – avril). Les entreprises contraintes de fermer pourront donc de nouveau faire appel au chômage partiel, au prêt garanti par l’État (PGE), aux exonérations de charges, et au fonds de solidarité. Au total, ce sont 20 milliards d’euros supplémentaires qui devraient être mis sur la table pour financer les aides aux entreprises — Bercy estime qu’un mois de confinement coûte 10 milliards d’euros à l’État en « dépenses d’intervention ».
Si tous ces dispositifs d’aide permettent aux entreprises de conserver un peu de trésorerie tout en réduisant leurs coûts fixes, ils ne règlent pas le problème des loyers pour autant : les commerces fermés doivent-ils continuer à payer leur loyer, et si oui, comment ? Pour soulager les chefs d’entreprise tout en rassurant les bailleurs, le gouvernement va accorder un crédit d’impôt aux bailleurs qui accepteront de renoncer à un mois de loyer d’ici la fin de l’année. La valeur de la réduction d’impôt accordée sera équivalente à 30 % du montant du loyer. Dit autrement, les bailleurs devront donc accepter une perte de 70 % du montant de leur loyer durant un mois — effort auquel ils semblent prêts à consentir, dans l’espoir de ne pas se retrouver avec des locaux inoccupés sur les bras.
Autre nouveauté annoncée jeudi par le ministre de l’Économie : la mise en place d’une dotation pour aider les très petites entreprises (TPE) à créer un site internet. D’après Bruno Le Maire, seule une TPE française sur trois possède un site web. C’est insuffisant selon le ministre, qui souhaite encourager les commerçants à se numériser dans le but de poursuivre leur activité en ligne pendant le confinement. Plus largement, alors que 39 millions de Français achètent régulièrement en ligne, la part des PME qui vendent en ligne plafonne à 15 %, un chiffre qui place la France à la quinzième place européenne (sur 28) en matière de numérisation des entreprises — selon une étude réalisée par IPSOS pour Facebook.
La fin de la banque à papa ?
Les pâtissiers gagnent leur vie en vendant des gâteaux à des prix supérieurs au coût des ingrédients qui les composent. Les banques font la même chose : elles prêtent de l’argent (crédits) à des tarifs supérieurs à ce que leur coûte l’argent qui leur est confié (dépôts) — et elles complètent leurs revenus par des commissions. Pour simplifier, disons que les banques offrent à leurs clients des dépôts rémunérés, ce qui leur permet de collecter de l’argent à court terme, argent qu’elles prêtent ensuite à long terme sous la forme de crédits, moyennant des taux d’intérêt plus élevés. Les revenus que les banques dégagent ainsi leur permettent en retour d’offrir des conditions de travail favorables à leurs 362 000 employés tout en ouvrant des agences un peu partout sur le territoire pour accueillir leurs clients.
Hélas, si ce modèle de revenus fonctionne encore du tonnerre pour certains professionnels de l’éclair au chocolat, il n’est plus aussi rémunérateur qu’avant pour les banques. L’hebdomadaire L’Express, qui s’interroge cette semaine sur l’avenir du secteur bancaire, nous explique que les banques ne peuvent plus prêter à des taux aussi élevés qu’avant, ce qui diminue leurs revenus, alors même que leurs dépenses restent inchangées, puisque leurs 36 000 agences sont toujours là — bien que leur fréquentation baisse. Ajoutez à cela des dépenses informatiques en hausse, une régulation de plus en plus précise, et la concurrence des entreprises technologiques : vous obtenez alors « un état d’urgence bancaire », selon la formule de L’Express.
Acculées, les banques ne semblent pas avoir d’autre choix que de s’adapter aux nouveaux usages de leurs clients : plus de services en ligne, moins de rencontres avec un conseiller dans une agence. Certains établissements n’ont pas attendu la pandémie de covid-19 pour repenser leur modèle. L’Express cite l’exemple de la banque néerlandaise ING Direct, dont le nombre d’agences a été divisé par deux au cours des dix dernières années, pour offrir plus de services avec moins d’agences. ING encourage désormais ses clients à faire leurs opérations simples en ligne, sur leur ordinateur ou leur mobile. Les rares fois où ils se rendent en agence, les clients d’ING peuvent non seulement y rencontrer un conseiller, mais ils ont aussi la possibilité de s’installer à une table pour travailler, en profitant du WiFi gratuit et du café proposés par la banque (voir quelques photos). Pour rendre ses agences de nouveau attractives, ING en a fait des espaces de coworking, avec salles de réunion, bar et cuisine — mais pas encore de pâtissier à plein temps.