Moins d’arrivées et moins de départs dans les banques en 2020
Si vous arrêtez cent personnes dans la rue et que vous demandez à chacune d’entre elles « quel est votre métier ? », vous avez de bonnes chances d’avoir un ou deux employés de banque dans le lot. Et pour cause : les employés de banque représentent 1,8 % des salariés du secteur privé en France (en 2020). Au total, d’après les données de la Fédération bancaire française (FBF), les banques hexagonales emploient 354 000 salariés (hors alternants). Ces 354 000 salariés sont répartis entre les banques commerciales, comme la BNP ou la Société Générale, et les banques mutualistes, comme le Crédit Agricole ou le Crédit Mutuel.
Comment les 354 000 salariés recensés par la FBF se répartissent-ils entre banques commerciales et banques mutualistes ? À peu près à parts égales. Les banques commerciales comptent à peu près 187 000 salariés alors que les banques mutualistes en comptent environ 167 000. À titre de comparaison, la SNCF emploie 152 000 personnes pour faire rouler ses trains. Les banques françaises (commerciales et mutualistes) comptent donc plus d’employés que certains établissements publics, mais moins de trains que la SNCF — même si la Banque de France s’est essayée au rail par le passé, avec un succès mitigé.
Si les banques mutualistes sont organisées en réseaux régionaux, les banques commerciales se réunissent quant à elles au sein de l’Association française des banques (AFB). Chaque année, l’AFB publie un rapport sur l’emploi dans la banque, un rapport qui ne concerne certes que les banques commerciales, mais dont les conclusions peuvent être étendues aux banques mutualistes. Le dernier rapport.pdf>) de l’AFB sur les embauches et les démissions dans les banques commerciales en 2020 vient de sortir. Il montre que la SNCF n’a pas le monopole des arrivées et des départs.
D’après les chiffres de l’AFB, les banques commerciales ont moins embauché en 2020 qu’elles ne l’avaient fait en 2019. En 2020, les banques membres de l’AFB n’ont recruté que 16 000 personnes, contre 21 200 en 2019, ce qui représente une baisse des embauches de 24,50 % sur un an. En comptant les banques mutualistes, les banques membres de la FBF n’ont embauché « que » 35 300 salariés en 2020, contre 44 400 en 2019, soit une baisse de 20 %. Toujours à titre de comparaison, la SNCF a recruté 3 700 personnes en 2020.
Si les banques françaises ont moins embauché en 2020 qu’au cours des années précédentes, elles ont aussi moins perdu d’employés. Alors que 47 300 personnes ont quitté les banques membres de la FBF en 2019, les banques françaises (commerciales et mutualistes confondues) n’ont enregistré que 40 600 départs en 2020 (14 % de départs en moins). Est-ce à dire que 40 600 employés de banque ont démissionné l’année dernière ? Non, pas tout à fait. La majorité des employés qui ont quitté une banque commerciale en 2020 l’ont certes fait par le biais d’une démission, mais d’autres sont aussi partis pour prendre leur retraite, ou parce que leur CDD était arrivé à son terme. Signe que les employés de banque ont sans doute hésité à quitter le navire en pleine pandémie, la part représentée par les démissions dans le total des départs est même passée de 40 % en 2019 à 35 % en 2020.
Et la parité dans tout ça ? Elle est stable dans l’ensemble et en progression parmi les cadres. Dans le détail, les femmes représentent un peu moins de 57 % du personnel des banques commerciales, une proportion stable par rapport à 2012. Chez les cadres, la part des femmes est en hausse, puisqu’elle atteint désormais 49 %, alors qu’elle se situait à 44 % en 2012. Dans les banques membres de l’AFB, un cadre bancaire sur deux est donc une femme. Autre chiffre qui peut être interprété comme le signe que les banques sont plus diverses qu’on ne le croit parfois : 60 % des banques commerciales emploient moins de 250 salariés, ce qui fait d’elles… des PME. Certes, 86 % des employés des banques commerciales travaillent dans des établissements de crédit qui emploient plus de 1 000 personnes, mais environ 6 900 banquiers travaillent encore dans des banques dont la taille est celle d’une PME.
P.-S. Memo Bank emploie une cinquantaine de personnes, ce qui fait de nous une PME, en plus d’être une banque pour les PME.
Une association pour aider les dirigeants à rebondir
Parmi les sujets prétendument tabous en France, l’échec entrepreneurial figure en bonne place. Il ne serait pas bien vu de faire faillite et encore moins d’en parler publiquement. Tout le contraire du traitement réservé aux créateurs d’entreprises, en somme. Vous venez de fonder une entreprise ? Félicitations, vous incarnez la figure canonique de l’entrepreneur qui ose prendre des risques, ce qui vous autorise à parler de votre projet à tout le monde, tout le temps. Vous venez de fermer votre entreprise ? Vous avez dû mettre fin à votre activité ? Dans ce cas, taisez-vous, baissez la tête, et courez vous cacher. Vous avez joué, vous avez perdu, maintenant disparaissez à jamais. Malheur aux dirigeants qui mettent la clé sous la porte : le drapeau noir de la honte flotte sur leur crâne incliné !
Ce qui est bien avec les sujets censés être « tabous », ou interdits, c’est que tout le monde en parle. C’est même à ça qu’on les reconnaît. Comme tous les sujets tabous, le thème de l’échec revient donc souvent dans le débat public ou dans les colonnes des journaux. Et comment pourrait-il en être autrement ? Après tout, environ 60 000 entreprises font l’objet d’une liquidation (fermeture définitive) chaque année. Cela signifie que 60 000 dirigeants doivent passer à autre chose chaque année. Encore heureux que la plupart y parviennent sans être contraints à l’exil ou à la mort sociale. Il existe même des associations qui aident les dirigeants à se remettre en selle après la liquidation de leur entreprise. France Bleu consacre cette semaine un portrait à l’association 60 000 rebonds (60000rebonds.com), une association qui « accompagne les entrepreneurs post-liquidation », et dont le nom fait références aux 60 000 faillites que les tribunaux de commerce enregistrent chaque année, comme nous en parlions en avril dernier.
Fondée en 2012, l’association 60 000 rebonds est animée par 1 200 bénévoles qui interviennent partout en France. L’offre de l’association comprend un accompagnement par un coach, un spécialiste de l’entrepreneuriat censé aider les dirigeants à remonter la pente sur le plan psychologique et financier. 60 000 rebonds propose aussi un système de parrainage, au travers duquel des dirigeants passés par la case « liquidation » prennent sous leur aile un chef d’entreprise qui vient tout juste de fermer son entreprise. Une fois le travail de l’association terminé, les dirigeants ayant fait l’objet d’un accompagnement peuvent à leur tour devenir « parrains », pour renvoyer l’ascenseur et venir en aide aux chefs d’entreprise qui en feraient la demande à leur tour. Au total, 660 entrepreneurs ont été accompagnés par l’association en 2020 et 94 % auraient déjà rebondi. La preuve qu’on peut être déçu par une aventure entrepreneuriale sans être déchu du droit d’entreprendre pour autant.