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Écrit par Hadrien Léger
Publié le
Le Covid stimule les investissements dans la transition numérique
La newsletter Memo Bank du 17 juin 2022.
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À lire
Le Covid accélère la transition numérique mais pas la transition énergétique
Si vous avez sous la main un exemplaire de la première édition (1694) du Dictionnaire de l’Académie française, ouvrez-le à la page 636. Vous remarquerez que le mot investir comportait alors deux sens, hérités du latin vestis, « vêtement ». Premier sens : donner, dans le cadre d’une cérémonie, un titre, un fief à quelqu’un. Par exemple, le roi l’a investi d’un duché. Quel rapport avec le vêtement ? Souvent, le point culminant de ces cérémonies consistait en la remise d’un vêtement qui était le symbole du pouvoir conféré. Deuxième sens, militaire celui-ci : envelopper de troupes une place forte, une citadelle, jusqu’à en bloquer tous les accès. Par exemple, le roi a investi le château du duc avec dix mille hommes.* *On imagine bien l’image du vêtement jeté sur un objet jusqu’à l’envelopper complètement.
Nulle mention donc, dans l’édition de 1694 du Dictionnaire, du sens le plus connu aujourd’hui du mot investir : placer des fonds dans un projet, une entreprise… en vue d’en tirer un bénéfice. Ce sens viendrait d’Italie, où le mot investire aurait revêtu cette signification dès le XIVe siècle, avant d’être attesté en Angleterre, au moins à partir de 1613 (to invest), puis d’entrer dans la langue française. Quel rapport entre cette nouvelle acception du mot et les plus anciennes ? Quand vous investissez une somme d’argent, vous lui attribuez un nouvel emploi, une nouvelle position — vous lui donnez presque un nouveau pouvoir. De même qu’un souverain transforme celui qui est investi d’un nouveau titre, vous transformez la somme d’argent en quelque chose de nouveau.
Aujourd’hui, les investissements des entreprises sont un des principaux moteurs de la croissance. Les entreprises investissent pour acheter du matériel, lancer une campagne de communication, s’abonner à des logiciels qui augmentent la productivité de leurs collaborateurs… Ces investissements, lorsqu’ils sont fructueux, augmentent leurs richesses, et alimentent la croissance du PIB. En temps de crise, traditionnellement, les investissements des entreprises diminuent : les entreprises ont moins de revenus, font attention à leurs dépenses, les banques octroient moins de crédits… Alors, comment les investissements des entreprises françaises ont-ils été affectés par la crise du Covid-19 ? Nous pouvons répondre à cette question grâce à l’Observatoire du financement des entreprises, rattaché à la Banque de France, qui a publié le 16 juin dernier un rapport sur les investissements des entreprises françaises et leur financement en 2021.
Notons d’abord que parmi les entreprises de plus de 10 salariés, presque toutes investissent : 99,6 % des grandes entreprises, 98 % des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et 89 % des PME de plus de 10 salariés. En revanche, seules 43 % des microentreprises (celles de moins de 10 salariés) investissent. Les investissements des entreprises françaises se concentrent dans un petit nombre d’entreprises : 2 % des entreprises françaises réalisent 88 % des investissements en valeur (hors secteur financier).
Le rapport de l’Observatoire du financement des entreprises note que l’investissement des entreprises a résisté à la crise sanitaire, soutenu par les nombreuses mesures du gouvernement, comme le prêt garanti par l’État (PGE). Une enquête de la Banque de France auprès de dirigeants d’entreprises notait d’ailleurs, au printemps de l’année 2021, que seuls 5 % des dirigeants annonçaient avoir abandonné des projets d’investissement. Ces dirigeants exerçaient dans des secteurs durement touchés par la crise : tourisme, restauration, aéronautique… Le rapport note aussi que si l’investissement a baissé, il a moins baissé que la valeur ajoutée des entreprises — la valeur ajoutée est la richesse créée par les entreprises : on soustrait à leur chiffre d’affaires le montant de leurs consommations intermédiaires. Le taux d’investissement, qui est égal au rapport entre investissement et valeur ajoutée, a augmenté.
Une des explications du maintien des investissements est que la crise a poussé de nombreuses entreprises à accroître leurs dépenses dans leurs capacités numériques. La crise a fait apparaître des besoins nouveaux, liés à deux grandes transformations. Première transformation : l’émergence du télétravail, nécessaire pour continuer à travailler lors des épisodes de confinement, puis devenu une évolution sociétale profonde. De nombreuses entreprises ont dû acheter du matériel informatique pour équiper leurs salariés en ordinateurs portables, écrans, casques audio, etc. Deuxième transformation : la vente en ligne. Des entreprises qui ne pouvaient pas proposer à leurs clients d’acheter leurs produits en ligne, de livrer ces produits à domicile, ou en click & collect, ont dû investir dans du matériel informatique, dans des services de vente en ligne, dans la création de nouvelles chaînes logistiques. Les entreprises les plus grandes ont investi dans des prestations de consultants pour mettre en place ces solutions.
L’amorce de cette transformation numérique a particulièrement concerné les PME, qui étaient en retard avant la crise — un rapport sénatorial de juillet 2019 s’inquiétait du retard des TPE-PME françaises en matière de transition numérique. Dans une enquête de la Direction générale des entreprises (DGE) réalisée en avril 2021, 78 % des dirigeants de TPE-PME se disaient convaincus que le numérique représentait un bénéfice réel pour leur entreprise. Ils étaient 68 % avant la crise sanitaire. Le nombre de TPE-PME qui ont un site internet (hors réseaux sociaux) a bondi, passant de 37 % à 66 % entre janvier 2020 et avril 2021. Et le nombre de TPE-PME qui ont mis en place leur propre site marchand est passé, sur le même période, de 9 % à 20 %. Ce chiffre atteint 27 % en prenant en compte l’ensemble des canaux de vente en ligne : places de marché (comme Amazon) et réseaux sociaux.
Toutefois, si les entreprises ont fortement investi pour réaliser leur transformation numérique, elles ne se sont pas encore engagées dans la transition énergétique. Non pas que les dirigeants d’entreprises n’y soient pas sensibles : 80 % des dirigeants de PME et d’ETI considèrent que le changement climatique exige une réaction d’urgence, selon une étude de Bpifrance Le Lab citée dans le rapport, et 86 % disent se sentir concernés par les objectifs mondiaux de réduction des émissions de carbone. Pourtant, ils sont 49 % à déclarer ne pas tenir compte des enjeux de transition énergétique dans leur stratégie d’entreprise. Et 32 % seulement affirment suivre les enjeux climatiques en interne (par exemple en réalisant un bilan carbone).
Autre point abordé par le rapport : les modalités de financement des investissements réalisés par les entreprises françaises. Le crédit bancaire reste essentiel, mais varie fortement selon la taille de l’entreprise. Parmi les 50 % d’entreprises les plus petites, le crédit bancaire finance 60 % des investissements. Parmi les 5 % les plus grandes, le crédit bancaire ne finance que 25 % des investissements : d’autres types de financement comme des financements par émission d’obligations, apport de capitaux propres, sont utilisés. L’accès aux crédits d’investissement des banques s’est maintenu pendant la crise, probablement grâce au PGE. Si les demandes de nouveaux crédits d’investissement ont légèrement baissé en 2020, et sont revenues en 2021 à des niveaux légèrement inférieurs à 2019, les taux d’obtention sont restés stables. Ils étaient au premier trimestre de 2022 de 89 % pour les TPE, 97 % pour les PME, et 95 % pour les ETI.
La Banque de France dégrade ses prévisions économiques
La Banque de France publie chaque trimestre des projections sur la situation économique française. L’institution a publié le 21 juin dernier de nouvelles projections, dans laquelle plusieurs indicateurs macroéconomiques ont été revus à la baisse.
La croissance du PIB devait être de 3,4 % en 2022 et de 2 % en 2023 ? Elle serait désormais de 2,3 % en 2022, et de 1,2 % en 2023. L’inflation devait être de 3,7 % en 2022 ? Elle serait désormais de 5,6 % (elle était en mai de 8,1 % dans la zone euro). Comment expliquer cette dégradation ? Selon la Banque de France, c’est la guerre en Ukraine qui explique ce ralentissement. La reprise vigoureuse enclenchée en 2021 est entravée par la hausse des prix des matières premières, qui avait commencé au moment de la reprise économique post-Covid, et a été aggravée par la guerre, et se diffuse désormais à l’ensemble des produits.
Le pouvoir d’achat des ménages diminuerait en moyenne de 1 % en 2022, malgré les mesures de soutien mises en place par le gouvernement. La perte de pouvoir d’achat diminue la consommation des ménages, un des principaux moteurs de la croissance française, et provoque le ralentissement de la croissance.
À parcourir
Envie d’avoir le meilleur e-mail d’absence de votre entreprise quand vous partirez en vacances ? Demandez à un cheval islandais de vous en composer un. visiticeland.com
Vous vous demandez en quoi les cartes de paiement Memo Bank sont différentes des autres cartes de paiement ? Réponse en 7 points. memo.bank/magazine
L’Insee a publié les bilans économiques de l’année 2021 des régions françaises. Vous y trouverez une analyse détaillée de l’activité économique de chaque région : marché de l’emploi, créations d’entreprises, dynamisme des principaux secteurs économiques de la région… insee.fr
La distribution massive d’aides aux entreprises pendant la crise du Covid a aussi ravi les fraudeurs. Les arnaques au fonds de solidarité ont fait fortement augmenter la fraude fiscale, qui a été multipliée par trois en 2021, par rapport à 2020 et 2019. latribune.fr
Des porte-conteneurs à voile ? Une trentaine d’acteurs dans le monde, dont dix français, planchent sur des concepts de cargo à voile, qui permettraient de réduire la consommation et les émissions d’énergies fossiles de 5 à 30 %. lesechos.fr
Alors que les pénuries de recrutement perdurent malgré le ralentissement économique, le magazine américain Inc. analyse les raisons pour lesquelles les candidats rejettent les promesses d’embauches des entreprises. inc.com (article en anglais)
Des chiffres
Le magazine Panorabanques a publié une étude sur les moyens de paiement utilisés par les Français. Qu’y trouve-t-on ? D’abord, que les moyens de paiements traditionnels, chèque et espèces continuent à reculer — mais résistent. 24 % des Français déclarent payer par chèque une fois par mois ou plus, et 11 % déclarent ne pas avoir de chéquier (contre 9 % en 2021). Il y a là une vraie fracture entre générations : 37 % des 18-34 n’utilisent pas leur chéquier, contre 4 % des plus de 66 ans. Qu’en est-il des paiements en liquide ? Les Français déclarent effectuer en moyenne 1,5 retrait d’argent liquide par mois, pour un montant moyen de 47 € (1,6 retrait en 2021 pour un montant moyen de 46 €). Sinon, du côté des moyens de paiement plus modernes, le paiement sans contact s’est démocratisé à la faveur de la crise du Covid, et il est aujourd’hui utilisé par 86 % des Français. En revanche, seuls 19 % des Français utilisent le paiement par Apple Pay ou Google Pay (ils étaient 17 % en 2021). Ce chiffre est un peu plus élevé chez les clients de banques en ligne, où il atteint 23 %.
Des lettres
« J’ai gravi les échelons tout seul, je suis parti de rien et suis arrivé à un état d’extrême pauvreté. »
— Groucho Marx (1931). Monkey Business.
À pourvoir
Produit. — Nous cherchons un ou une product owner. Venez nous aider à orchestrer nos cycles de développement. Post-it facultatifs.
Finance. — Nous avons un poste de contrôleur financier à pourvoir en alternance. Nous cherchons une personne qui n’est pas fermée à l’idée de contribuer à nos clôtures mensuelles.
Design. — Nous recrutons un ou une product designer. Si vous souhaitez faire du télétravail, sans faire l’objet d’une surveillance, écrivez-nous.
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