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Écrit par Brice Boulesteix
Publié le
Les entreprises font face à une pénurie de bons profils
La newsletter Memo Bank du 22 juillet 2022.
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À lire
Postes partout. Candidats nulle part.
Dans ses carnets, Baudelaire a défini l’amour comme « un crime où l’on ne peut pas se passer d’un complice ». C’était au dix-neuvième siècle. Nous sommes en 2022, et bien que les dirigeants de PME soient libres de ne pas souscrire à la définition baudelairienne de l’amour, ils sont bien forcés de constater que le recrutement est un domaine dans lequel on ne peut pas, non plus, se passer d’un complice. Pour qu’un recrutement ait lieu, il faut être deux. Avoir un beau CV n’est pas très utile si personne n’accepte de vous embaucher. Réciproquement, avoir un poste à pourvoir ne sert à rien si personne ne se présente pour le pourvoir. Hélas, pour bon nombre de chefs d’entreprise, le recrutement est devenu un exercice individuel, solitaire, une sorte de traversée du désert…
Parmi les 2 362 dirigeants de PME récemment sondés par la CPME, 51 % déclarent avoir des postes à pourvoir en ce moment. C’est le signe que les offres d’emploi sont toujours là. Jusqu’ici tout va bien, donc. Mais le recrutement nécessite un complice… Or, 94 % des dirigeants ayant des postes à pourvoir disent ne pas trouver le bon profil, le complice idéal. À qui la faute ? La première raison évoquée par les dirigeants est l’absence de candidats — motif mentionné par 74 % des chefs d’entreprise qui peinent à recruter. En clair, les dirigeants ouvrent des postes dans leur PME, mais personne ne se présente. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? L’étude de la CPME ne répond hélas que partiellement à ces questions, invoquant le souhait de la moitié des salariés de changer de secteur, mais sans aller jusqu’à se demander ce qui motive ces envies de changement.
Pour trouver un début de réponse à la question qui trouble le sommeil de la moitié des dirigeants en ce moment, celle du recrutement, il faut lire une étude publiée par la DARES en juin dernier. La DARES a fait la liste des freins qui contribuent le plus aux difficultés de recrutement. On y apprend que 91 % des chefs d’entreprise mettent leurs problèmes de recrutement sur le compte de la « pénurie de personnes qualifiées ». Dans le même temps, seuls 26 % des dirigeants interrogés par la DARES reconnaissent que leurs salaires sont « insuffisamment attractifs ». Se pourrait-il qu’il y ait un lien de cause à effet entre les salaires insuffisamment hauts et la pénurie de bons profils ? La question mérite sans doute d’être posée, mais la DARES ne la pose pas.
Interrogé sur le même sujet, le président des États-Unis, Joe Biden, s’est montré moins pudique. D’après lui, si les employeurs veulent attirer les salariés, ils doivent les payer davantage (“pay them more”). Point final. Bien que séduisante, cette réponse semble pourtant incomplète. D’après France Stratégie, qui a conduit une étude empirique sur le sujet, les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises françaises ne sont que très partiellement liées aux salaires proposés. Le salaire joue, bien sûr, mais il ne fait pas tout. Pour France Stratégie, bon nombre de recrutements échouent aussi à cause de « facteurs non observables », comme le style de management, l’ambiance dans les locaux, la propreté des bureaux, et ainsi de suite… Mais qu’on parle de facteurs observables, comme le salaire, ou de facteurs non observables, comme le management, seuls les employeurs semblent être interrogés sur le thème du recrutement, si bien qu’il n’est pas toujours aisé de savoir ce que les salariés eux-mêmes pensent de la pénurie de salariés.
Une chose est sûre : les salariés du privé n’ont jamais autant démissionné qu’en ce moment. D’après les chiffres de la DARES, 469 600 personnes ont délibérément quitté leur CDI au premier semestre 2022, un chiffre en hausse de 20 % par rapport au dernier semestre de l’année 2019. Conséquence logique, d’après les chiffres de l’URSSAF, les embauches en CDI et en CDD (de plus d’un mois) sont au plus haut depuis 20 ans. 429 000 CDI ont été signés rien qu’en juin 2022, alors qu’il n’y en avait eu que 354 000 en juin 2019. Tout se passe comme si la pénurie de bons profils n’affectait pas toutes les entreprises avec la même intensité. Que se passe-t-il vraiment alors ? Si nous traversons une phase de « grande démission », nous vivons aussi une période de « grande embauche », ce qui traduit une « grande recomposition » du monde du travail. Les bons profils ne se sont pas évaporés, ils ont peut-être simplement changé de complice.
La Poste Mobile paralysée par un rançongiciel
Dans Les Très Riches Heures de l’humanité, Stefan Zweig démontre que la bataille de Waterloo était à la portée des Français. Waterloo était gagnable. Si l’armée napoléonienne a été défaite sur cette morne plaine du Nord, c’est en bonne partie parce qu’un maréchal de seconde zone, le maréchal Grouchy, n’est pas arrivé à temps sur le bon champ de bataille. En quoi Grouchy a-t-il fauté ? Et pourquoi ? Comme le rappelle Zweig, Napoléon redoutait d’avoir à combattre les Anglais et les Prussiens sur le même front, au même endroit. Préférant ferrailler contre des adversaires divisés, l’Empereur avait coupé son armée en deux : le gros des soldats devait se charger des Anglais, pendant qu’un détachement, commandé par Grouchy, devait prendre en chasse les Prussiens pour les empêcher de rejoindre l’armée anglaise.
Quand les canons français se mirent à faire feu sur les Anglais, Grouchy et ses hommes n’étaient qu’à quelques heures du champ de bataille. Les Prussiens, quant à eux, étaient introuvables, si bien que la troupe de Grouchy errait seule sous la pluie. Entendant que la bataille grondait à quelques kilomètres seulement, Grouchy aurait alors pu décider de s’asseoir sur l’ordre qui lui avait été donné, pour venir prêter main forte à Napoléon. Mais le maréchal Grouchy était un homme plus obéissant qu’audacieux. Ne saisissant pas que son destin l’appelait, Grouchy décida de rester à sa place, c’est-à-dire loin du champ de bataille où l’Europe bascula. Quand Grouchy comprit enfin que l’armée napoléonienne avait besoin de son renfort, il était déjà trop tard. Les Prussiens avaient pu déjouer sa vigilance pour rejoindre les Anglais, et le sort de Napoléon était scellé. Ce jour là, tout s’est peut-être joué à quelques minutes d’indécision près.
Plus proche de nous, et sur un autre champ de bataille, La Poste Mobile, l’opérateur téléphonique rattaché au groupe La Poste, vient d’être victime d’un piratage informatique. Pendant plusieurs jours, à compter du 4 juillet dernier, les services en ligne de La Poste Mobile ont été paralysés par un rançongiciel, c’est-à-dire un programme qui verrouille les systèmes d’une entreprise de l’intérieur avant d’exiger une rançon en échange d’un rétablissement de la situation. Durant cette période, une partie des deux millions de clients que compte La Poste Mobile a été privée d’espace client, voire de 4G. Coup dur. Quelques jours plus tard, le 17 juillet, une « task force » française (qui aurait pu être commandée par Grouchy), publiait un guide de prévention contre les escroqueries en ligne. Guide utile, mais guide mis en ligne un peu tard pour La Poste Mobile.
Que préconise le guide en matière de lutte contre les rançongiciels ? La même chose que tous les autres guides sur le sujet : faites régulièrement des mises à jour, méfiez-vous des e-mails bizarres, n’installez pas d’applications exotiques, évitez les sites peu fréquentables, pensez à faire des sauvegardes, et utilisez un trousseau de mots de passe. Si vous tombez malgré tout dans le piège tendu par les pirates, la « task force » française vous recommande de ne pas payer la rançon exigée par les malfrats. La Poste Mobile semble avoir suivi ce conseil à la lettre, puisque les pirates ont divulgué une partie des données auxquelles ils ont eu accès, dans le but de faire pression sur le groupe La Poste. Les informations des clients de La Poste Mobile se sont ainsi retrouvées dans la nature, les exposant à leur tour à des risques de piratage ou d’usurpation d’identité. À Waterloo, comme sur le web, le niveau d’une ligne de défense vaut rarement plus que son maillon le plus faible.
À parcourir
Clap de fin pour l’horloge parlante. Vous ne pourrez plus appeler le 36 99 pour connaître l’heure qu’il est. Orange vient de mettre fin à ce service téléphonique dont la création remontait à 1933. lemonde.fr
L’API Memo Bank est disponible. Avec elle, vous allez pouvoir automatiser la gestion de vos comptes courants, en créant par exemple des IBAN à la volée, ou en exécutant des virements à chaque fois que certaines conditions sont réunies. memo.bank/magazine
Le fondateur de Wordpress dirige une entreprise qui fait tourner un bon tiers des sites présents sur Internet. Ce qu’il ferait s’il arrêtait de diriger Wordpress ? Il lancerait une banque bien sûr. ma.tt (article de 2009)
L’ADEME propose une aide aux PME industrielles qui souhaitent réduire leur consommation de pétrole, gaz, et charbon. Le montant de l’aide accordée dépend du projet à financer. Un formulaire vous permet de décrire votre projet pour savoir à quelle aide vous pourriez prétendre. agirpourlatransition.ademe.fr
La bibliothèque d’Oakland, en Californie, scanne et met en ligne les notes, photos, et objets que les usagers laissent traîner dans les livres qu’ils empruntent. La preuve que tout (ou presque) peut faire office de marque-page. oaklandlibrary.org
Un entretien avec le directeur du CISA (Cybersecurity and Infrastructure Security Agency), l’équivalent américain de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), sur les rançongiciels et les dangers de se croire hors de portée des attaques informatiques. future.com
Des chiffres
65 %. C’est la part des employés européens qui seraient prêts à changer de travail si leur employeur les obligeait à revenir au bureau à plein-temps, d’après les chiffres de l’institut de recherche ADP. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette part est plus forte chez les personnes qui ont entre 18 et 24 ans (71 %) que chez celles qui ont plus de 55 ans (59 %).
Des lettres
« Toutes les vertus civiques, la sagesse, le zèle, l’obéissance, la pondération, suffisantes pour les nécessités de l’existence journalière, fondent comme neige au soleil en face de l’instant mystérieux qui n’exige que du génie et ne dessine que des figures impérissables. »
— Stefan Zweig (1939). Les Très Riches Heures de l’humanité.
À pourvoir
Produit. — Nous cherchons un ou une product owner. Venez nous aider à orchestrer nos cycles de développement. Post-it facultatifs.
Finance. — Nous avons un poste de contrôleur financier à pourvoir en alternance. Nous cherchons une personne qui n’est pas fermée à l’idée de contribuer à nos clôtures mensuelles.
Design. — Nous recrutons un ou une product designer. Si vous souhaitez faire du design en télétravail, sans faire l’objet d’une surveillance par ailleurs, écrivez-nous.
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