Beaucoup de chiffres sur les dirigeants de PME
Alors que les trimestres durent désormais des années, la parution d’un nouveau baromètre de Bpifrance sur la santé des PME fait office de point d’étape, de point de repère entre deux revirements de conjoncture. Les baromètres de la banque publique d’investissement permettent aussi de prendre le pouls des dirigeants à intervalle régulier. Si les chefs d’entreprise se montraient relativement optimistes à la fin de l’été, le nouveau confinement semble avoir climatisé leur timide regain d’espoir. Par exemple, dans le baromètre de septembre, 55 % des chefs d’entreprise déclaraient avoir suffisamment de trésorerie pour surmonter la crise. Hélas, le baromètre de novembre nous apprend que cette part a baissé de 5 points, passant à 50 %. La part des PME qui anticipe une liquidation est quant à elle passée de 3 % à 5 % entre septembre et novembre — elle se situait à 9 % en avril, au plus fort de la crise. Qu’est-ce qui cloche ? Qu‘est-ce qui bloque ? Quels sont les obstacles auxquels les PME font face ? 60 % des dirigeants sondés se plaignent d’une baisse de la demande pour leurs produits et leurs services. Les difficultés de recrutement restent quant à elles un frein pour 35 % des entrepreneurs interrogés, un chiffre stable depuis septembre dernier.
Comment les PME tiennent-elles ? De quoi vivent-elles ? Beaucoup font comme la fourmi de la fable : elles se montrent prudentes et coupent dans leurs dépenses, repoussant ou annulant leurs projets d’investissement et de recrutement. Pour subsister et financer leur trésorerie, 73 % des PME disent avoir eu recours à un crédit bancaire — et 87 % d’entre elles déclarent ne pas avoir eu de difficulté à emprunter, signe que les banques ont joué leur rôle. Et après ? Sur quoi s’appuieront les PME pour repartir du bon pied ? 23 % des chefs d’entreprise disent avoir pris la décision de numériser davantage leur entreprise, pressés par les nécessités que leur impose la crise. Si le confinement a joué le rôle de déclic numérique pour 23 % des PME, 27 % des dirigeants sondés déclarent poursuivre les efforts de numérisation qu’ils avaient entamés avant la crise — ce qui porte à 50 % la part des PME en cours de numérisation. Quelles activités les dirigeants comptent-ils numériser en premier ? La relation avec leurs clients, pour 46 % d’entre eux, mais aussi leur organisation interne (pour 36 % des sondés) et leur chaîne de production (36 % également).
Moins de chiffres mais plus de détails sur les dirigeants de PME
Loin des statistiques froides et désincarnées, le quotidien Les Échos dresse le portrait de plusieurs chefs d’entreprise, pour « expliquer aux Français comment un dirigeant de PME vit cette crise dans ses tripes », selon les mots du journal. On y apprend que Gilles, patron de 135 restaurants d’entreprises, s’est remis à fumer, alors qu’il avait arrêté depuis 20 ans. Pour ce dirigeant, devoir licencier des employés qu’il connaît personnellement est un drame, un déchirement qu’il compense en grillant des cigarettes. De son côté, Laure, qui a repris la PME familiale de fabrication d’outillages, ne se laisse pas abattre, car « rien n’est plus essentiel qu’une posture combative en de telles circonstances », selon elle. Opposant son bon cœur à sa mauvaise fortune, Laure profite du confinement pour repenser son modèle d’affaires. Et la patronne ne pense pas seule, puisque 12 des 83 salariés que compte la PME participent aux réflexions sur l’avenir de l’entreprise. Autre projet dans les cartons de Laure : numériser une partie de sa chaîne de production, en capitalisant sur les aides proposées par le gouvernement dans le cadre du plan de relance.
Les pirates informatiques n’ont pas de service après-vente
À ce jour, plus de 30 000 PME françaises ont bénéficié du prêt garanti par l’État, ce qui leur a permis d’emprunter 1 300 000 € en moyenne. Si ces prêts ont sauvé des PME en leur apportant de l’argent frais, ils ont aussi attiré la convoitise des pirates informatiques (hackers en anglais), des voleurs qui profitent de la vulnérabilité technologique de certaines PME pour leur faire les poches. Mais contrairement aux braqueurs ordinaires, qui se déplacent (souvent armés) sur les lieux qu’ils souhaitent dévaliser, les hackers sont quant à eux capables de vider les comptes d’une entreprise à distance, de loin, sans calibres ni menaces. Le journal La République de Seine-et-Marne rapporte qu’un garagiste de Provins (77) a récemment été victime d’un piratage informatique, au cours duquel un hacker a dérobé 123 000 € sur les comptes du garage (domiciliés à la BNP), et ce sans commettre la moindre effraction.
Comment le pirate a-t-il pu voler des milliers d’euros sans rien forcer au passage ? C’est très simple : il a passé un coup de fil, un banal coup de fil. Plus précisément, il a téléphoné à la secrétaire du garage, en se faisant passer pour un technicien BNP. Pensant avoir un honnête technicien BNP au bout du fil, la malheureuse secrétaire a accepté faire les virements demandés par le technicien, sur les comptes indiqués par ce dernier, en les validant elle-même avec ses propres identifiants — ce qui explique l’absence d’effraction. Loin de disparaître une fois son larcin accompli, le pirate a pris le temps de téléphoner au garagiste, pour lui annoncer qu’il venait de siphonner les comptes de son garage. Avant de raccrocher, le hacker se serait même montré bienveillant envers sa victime, assurant au patron que ce dernier allait « obligatoirement être remboursé (par sa banque) ». Malheureusement pour le garagiste, la BNP refuse pour le moment de rembourser les 123 000 € évaporés, arguant que le piratage dont le garage a été victime n’est pas un vol à proprement parler, mais une série de virements ordinaires, préparés et validés par un employé de l’entreprise. De son côté, le garagiste ne compte pas en rester là et annonce avoir déposé plainte.