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Écrit par Brice Boulesteix

Publié le

Comment Apple court-circuite les banques

La newsletter Memo Bank du 17 juin 2022.

Bonjour, vous lisez la newsletter de Memo Bank, la nouvelle banque indépendante pour les PME. Si vous nous suivez déjà depuis quelque temps, merci beaucoup. Et si vous nous découvrez tout juste, bienvenue à vous.

À lire

Apple commence à se passer des banques dans le paiement

Pour aller vite, on pourrait dire que l’attitude de banques vis-à-vis des entreprises du numérique a connu deux périodes, deux phases :

  • Première phase. « Les entreprises technologiques ne mettront jamais un pied dans les services financiers. Ces services sont trop compliqués, trop différents d’un marché à un autre, pour permettre aux entreprises numériques de s’y déployer rapidement. Les barrières réglementaires sont insurmontables. Non vraiment, les banques peuvent dormir tranquilles, elles ne seront jamais en concurrence avec les géants du numérique. Aucune chance. »
  • Deuxième phase. « Bon d’accord, Apple et Google viennent certes de mettre un orteil dans le monde du paiement, en capitalisant sur leurs appareils et sur le NFC, mais le paiement ne compte pas vraiment comme de la vraie banque. Et puis il y a toujours un partenaire bancaire dans l’équation de toute façon, comme Goldman Sachs dans le cas de la carte de crédit commercialisée par Apple aux États-Unis, la Apple Card. »

En somme, après avoir manifesté une sorte d’indifférence amusée à l’égard des entreprises numériques, les banques se sont réveillées un matin avec de sérieux concurrents dans le domaine du paiement. Jusqu’ici, les banques traditionnelles pouvaient se consoler en se disant que les Apple et Google de ce monde auraient toujours besoin d’elles pour faire autre chose que du paiement. Même dans la tête des régulateurs, la domination des banques ne pouvait pas être contestée au-delà du paiement — et encore, seulement par le biais de partenariats entre établissements de crédit et entreprises technologiques.

Mais ça, c’était avant qu’Apple n’annonce le lancement prochain d’Apple Pay Later, un service de paiement fractionné conçu par Apple, en partenariat avec… personne. Plus précisément, Apple va bientôt proposer une offre de paiement en quatre fois aux utilisateurs américains d’Apple Pay — le service de paiement développé par Apple qui permet de payer par carte au travers d’un iPhone. Apple Pay Later sera disponible partout où Apple Pay est accepté, c’est-à-dire presque partout aux États-Unis.

Contrairement aux crédits à la consommation ordinaires, le service de paiement fractionné proposé par Apple sera entièrement gratuit pour les utilisateurs d’Apple Pay : pas de frais de dossier à prévoir et pas d’intérêts à payer. Les heureux possesseurs d’iPhone paieront exactement le même prix, qu’ils règlent leurs achats en une seule ou en quatre fois. En coulisse, le paiement fractionné ne sera pas géré par Goldman Sachs, le partenaire américain d’Apple, ni par la banque Barclays, son partenaire britannique, mais bien par Apple directement, au travers d’Apple Financing — une filiale spécialisée dans le paiement fractionné. Pourquoi Apple n’a pas jugé utile de faire appel à une banque sur ce coup ? La réponse à cette question se trouve peut-être dans les résultats financiers d’Apple…

Avec pas loin de 35 milliards de dollars de liquidités, dont 17 milliards d’argent parfaitement liquide et mobilisable de suite.pdf>), Apple a de quoi voir venir — et il y a plus risqué que de financer des gens qui ont de quoi se payer un iPhone. Pourquoi faire appel à une banque, quand on a les reins suffisamment solides pour éponger quelques impayés ? Et pourquoi partager des données de paiement avec une banque quand on peut conserver la mainmise dessus ? Est-ce qu’Apple va pousser ses pions jusqu’à demander une licence bancaire de plein exercice ? Ce n’est pas à l’ordre du jour, mais le paiement fractionné n’était pas à l’ordre du jour non plus, jusqu’à ce qu’il le devienne…

Acceptation du télétravail et deuil de la vie de bureau

À la fin des années 1960, Elisabeth Kübler-Ross a proposé de décomposer le deuil en cinq étapes successives, qui vont du déni initial (ce n’est pas possible) à l’acceptation finale (c’est la vie), en passant par la colère, le marchandage, et la dépression. Cette théorie, qui n’a semble-t-il pas grand-chose de scientifique, a fait date, à tel point qu’elle est utilisée comme grille de lecture dans des situations qui n’ont plus rien à voir avec le deuil, comme la stratégie d’entreprise ou les relations sociales.

En extrapolant sur la théorie d’Elisabeth Kübler-Ross, et en appliquant le même type de lecture au télétravail, on pourrait dire que le développement du télétravail en France a lui aussi suivi plusieurs étapes. Du début des années 2000 jusqu’au premier confinement, en mars 2020, c’est le déni qui domine. Le télétravail est alors considéré comme une exception, une anomalie, une sorte de privilège réservé aux employés de start-up américanisées. Pour preuve, seuls 4 % des salariés français pratiquaient le télétravail en 2019. Télétravailler ? N’y pensez pas.

Arrive le premier confinement, en mars 2020. Bureaux fermés, transports à l’arrêt, salariés contraints de rester chez eux : le télétravail devient obligatoire de fait. La plupart des sociétés de service se rendent alors compte que le télétravail est techniquement possible, moyennant une bonne connexion à Internet. C’est le stade de l’acceptation, pour parler la langue d’Elisabeth Kübler-Ross. Mais l’acceptation ne dure pas. Et pour cause : c’est une acceptation subie, plus que choisie. Aux yeux des commentateurs, des présidents de foncières, et des managers, le télétravail repartira aussi vite qu’il est venu, quand seront levées les mesures de confinement.

Les mesures de confinement ont depuis été levées, puis réintroduites, puis relevées, si bien que le télétravail n’est pas tout à fait reparti. Le retour au bureau à plein temps n’a jamais vraiment eu lieu, mais l’acceptation pleine et entière du télétravail n’a pas vraiment eu lieu non plus. D’où un certain flou, un sentiment d’entre-deux. Désormais, il semblerait que nous soyons entrés dans une phase intermédiaire, à mi-chemin entre le déni initial et l’acceptation finale, une sorte de plateau ; cette phase, c’est celle du marchandage. Forcés de reconnaître que leurs subordonnés ne trépignent pas d’impatience à l’idée de revenir au bureau tous les jours, les managers tolèrent de plus en plus le télétravail, mais sous conditions — le marchandage portant sur ces fameuses conditions.

Quelles sont les conditions posées par certains managers ? Le télétravail, oui, mais sous surveillance. Comme le rapporte The Economist dans un récent article, les outils qui permettent aux entreprises de surveiller ce qui se passe sur les ordinateurs des employés qui télétravaillent sont en plein boom depuis mars 2020. D’après une étude réalisée par GetApp, une société de conseil, 66 % des salariés de PME seraient ainsi surveillés dans leur travail. Dans le lot, 59 % rejettent l’idée de la surveillance, au motif qu’elle engendre de la défiance entre subordonnés et dirigeants.

À parcourir

Dans la rubrique « la banque mène à tout », Le Parisien dresse le portrait d’un banquier devenu couvreur. leparisien.fr (article payant)

Les encaissements par prélèvement sont disponibles chez Memo Bank. Vous pouvez désormais débiter directement les comptes de vos clients, moyennant un mandat de prélèvement SEPA. memo.bank/magazine

Effet de bord lié à la semi-généralisation du télétravail : les restaurants qui se trouvent dans des quartiers d’affaires tirent la langue. europe1.fr

Autre dffet de bord lié au télétravail : certains cadres parisiens déménagent à la campagne, où ils ne tardent pas à se plaindre du coq (qui chante tôt) et des fermes (qui sentent fort). Pour éviter de faire des déçus, le maire d’une commune rurale annonce désormais la couleur à l’entrée de son village. francebleu.fr

Si vous vous déplacez moins à cause du télétravail, vous pouvez continuer à voyager par le biais de Street View, le service de Google qui permet d’explorer les rues du monde entier. Street View fête ses 15 ans et Google vient d’y ajouter des vues inédites de l’hôtel des Invalides, à Paris. googleblog.com

Des chiffres

Inflation. Quelle inflation ? D’après les chiffres de l’URSSAF, le salaire moyen par tête a augmenté de 5,2 % entre fin 2019 et le premier trimestre 2022, ce qui semble compenser la hausse de 5,1 % des prix à la consommation (hors tabac) sur la même période. Pour obtenir son « salaire moyen par tête », l’URSSAF divise la masse salariale des entreprises françaises par leur effectif moyen.

Des lettres

Permettre l’appropriation engendre la motivation, c’est accepter de se dépouiller. Est-il acceptable, est-il même normal pour celui qui a la responsabilité du pouvoir d’abandonner ainsi son pouvoir, d’en abandonner l’exercice, même en partie ? Le pouvoir est si agréable.

— Bertrand Martin (1996). Oser la confiance.

À pourvoir

Produit. — Nous cherchons un ou une product owner. Venez nous aider à orchestrer nos cycles de développement. Post-it facultatifs.

Finance. — Nous avons un poste de contrôleur financier à pourvoir en alternance. Nous cherchons une personne qui n’est pas fermée à l’idée de contribuer à nos clôtures mensuelles.

Design. — Nous recrutons un ou une product designer. Si vous souhaitez faire du design en télétravail, sans faire l’objet d’une surveillance par ailleurs, écrivez-nous.

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