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Écrit par Brice Boulesteix
Publié le
Les nouveaux prêts participatifs arrivent
La newsletter Memo Bank du 16 avril 2021
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À lire
Les prêts participatifs bientôt proposés aux PME
Censés prendre le relais des prêts garantis par l’État (PGE), les prêts participatifs devraient être proposés aux PME dans les semaines qui viennent. Si vous avez raté l’épisode précédent, les prêts participatifs prendront la forme de crédits bancaires indirectement garantis par l’État. Ces crédits seront destinés aux grosses PME, c’est-à-dire celles qui font au moins deux millions d’euros de chiffre d’affaires par an, et qui souhaiteraient réinvestir dès cet été. Contrairement au PGE, qui est un crédit de trésorerie, les prêts participatifs seront considérés comme des « quasi fonds-propres », ce qui permettra aux entreprises qui en bénéficieront de renforcer leur bilan. Voyez ça comme un crédit qui permet d’obtenir plus facilement d’autres crédits.
Dans le détail, les dirigeants de PME pourront aller voir leur banque d’ici la fin du mois d’avril, afin de solliciter un prêt participatif avec soutien de l’État (PPSE). Si leur banquier accepte de leur accorder un prêt participatif, les chefs d’entreprise obtiendront alors un crédit sur huit ans, qu’ils commenceront à rembourser au bout de quatre ans. Rien de bien exotique, si ? L’originalité des prêts participatifs tient au fait que ces crédits changeront de mains après avoir été octroyés. Explications. Une fois que la banque aura accordé un prêt participatif à une PME, elle conservera 10 % du prêt sur son bilan et cédera les 90 % restants (sous la forme de titres) à un fonds nommé « Eurotitrisation » — fonds détenu en partie par plusieurs banques.
Une fois les premiers prêts participatifs accordés par les banques, le fonds Eurotitrisation fera le tour de la place pour racheter l’équivalent de 90 % de chaque prêt participatif. D’où viendront les milliards qui permettront à Eurotitrisation de racheter des bouts de prêts participatifs ? Des sociétés d’assurance comme AXA, CNP, ou Groupama, qui injecteront des fonds dans le… fonds Eurotitrisation. Que deviendront les fragments de prêts rachetés par Eurotitrisation ? Ils seront regroupés en plusieurs poches, ou plusieurs enveloppes, selon leur niveau de risque et leur montant, avant d’être proposés à plusieurs sociétés de gestion, comme Amundi ou BNP Paribas Asset Management. À leur tour, ces sociétés de gestion proposeront à leurs clients (des particuliers ou d’autres sociétés de gestion) d’investir dans des agrégats de prêts participatifs — au travers d’une assurance-vie par exemple (sous certaines conditions).
La garantie de l’État s’appliquera quant à elle sur le fonds Eurotitrisation, pas sur les prêts bancaires directement (contrairement au PGE). Cette garantie couvrira 30 % de la valeur liquidative du fonds, c’est-à-dire la valeur qu’aura atteint le fonds au bout de huit ans, quand il sera liquidé, fermé. Tout ceci relève certes de la cuisine bancaire et des accords entre banquiers et assureurs, mais les conditions semblent réunies pour que les banques jouent le jeu ici aussi. Pourquoi ? Parce qu’elles ne s’exposent qu’à hauteur de 10 % sur chaque prêt participatif qu’elles accordent. La suite ? Les banques espèrent octroyer 10 000 à 15 000 prêts participatifs, pour un total de 14 milliards d’euros environ. En tant que dirigeant, vous n’aurez pas grand intérêt à mettre vos différentes banques en concurrence sur ce coup, car les contrats de prêts seront les mêmes partout pour ce nouveau type de prêt.
Les défaillances d’entreprises repartent (un peu) à la hausse
En France, quand une entreprise ne peut plus payer ses dettes, on dit qu’elle entre en « cessation de paiement ». Littéralement, l’entreprise cesse de payer ses dettes, faute d’en avoir les moyens. C’est la panne sèche en somme, l’enlisement à marée basse. Qui décide si une entreprise est en cessation de paiement ou non ? Ça dépend. Généralement, quand les dirigeants d’une entreprise constatent qu’ils ne peuvent plus payer leurs dettes, ils se présentent au tribunal de commerce pour « déposer le bilan », ce qui revient à reconnaître que leur entreprise est en cessation de paiement. Plus rarement, ce sont les créanciers qui prennent les devants et qui assignent l’entreprise à comparaître au tribunal de commerce, après avoir constaté eux-mêmes l’état de cessation de paiement de l’entreprise — et dans l’espoir de récupérer leur dû, bien entendu.
Que l’initiative vienne des dirigeants ou de leurs créanciers, les dirigeants sont convoqués au tribunal de commerce dans les deux cas. Selon l’état de leur bilan, selon les chances de survie de leur entreprise, la société à la dérive est alors placée en redressement judiciaire (sursis) ou liquidée sur le champ (fin de partie). Dès qu’une entreprise passe devant le tribunal de commerce, dès qu’elle entre officiellement en cessation de paiement, on considère qu’elle est en défaillance. Une entreprise en défaillance n’est pas forcément vouée à disparaître, mais le passage devant le tribunal de commerce traduit tout de même une certaine fragilité — qui peut être passagère comme elle peut être irrémédiable.
Avec l’année 2020 que les chefs d’entreprise ont vécue, vous vous dites peut-être que le nombre de défaillances a dû exploser l’année dernière. Pourtant, les défaillances n’ont pas augmenté en 2020. C’est même l’inverse qui s’est produit. Les défaillances ont diminué. Dans quelle mesure ont-elles baissé ? Jugez plutôt. Entre 2000 et 2019, il y avait en moyenne un peu plus de 54 000 défaillances par an en France, d’après les données de l’INSEE. En 2020, il n’y a eu « que » 31 000 défaillances, soit 23 000 de moins qu’au cours d’une année « ordinaire ». Dit autrement, 23 000 entreprises supplémentaires auraient dû toucher le fond en 2020, mais elles ont été maintenues à flot par les aides du gouvernement, notamment à partir du printemps, avec la mise en place du PGE.
Et maintenant ? Maintenant, la vague de défaillances — qui était déjà annoncée pour le 7 octobre 2020 —, devrait grossir à mesure que les dispositifs de soutien aux entreprises vont cesser. C’est en tout cas ce que semble pressentir le cabinet Altares, qui vient de publier une étude sur les défaillances enregistrées depuis le début de l’année 2021. Si le nombre de défaillances est resté faible au premier trimestre 2021, il s’est emballé au cours des deux dernières semaines de mars. Les tribunaux de commerce ont ainsi enregistré 2,5 fois plus de défaillances entre le 15 et le 31 mars 2021, qu’ils ne l’avaient fait entre le 15 et le 31 mars 2020 — alors que de nombreuses entreprises étaient fermées à cette époque. Plus préoccupant, sur 10 entreprises passées devant le tribunal de commerce en mars 2021, 8 ont été liquidées directement, sans même passer par la case « redressement judiciaire ».
Allons-nous vers une année record en matière de défaillances ? C’est possible, mais pas certain. D’après Altares, il y aurait 63 000 « entreprises zombies » en France, c’est-à-dire des entreprises maintenues sous respiration artificielle par les aides publiques. L’arrêt progressif des mesures de soutien aux entreprises pourrait précipiter la défaillance d’entreprises déjà à bout de souffle depuis plusieurs mois, ce qui conduirait à une hausse des défaillances en 2021 — Altares en prévoit 75 000. Simple rattrapage après une année 2020 anormalement calme ? Sans doute, mais le risque est grand de voir des PME relativement saines sombrer suite à la liquidation d’un de leurs gros clients. Au même titre que la Covid-19, les défaillances peuvent vite devenir contagieuses et donner lieu à d’autres liquidations — ou au rachat d’entreprises en panne par des entreprises plus solides (consolidation).
À parcourir
Pourquoi la plupart des intitulés de postes ne veulent plus rien dire. (economist.com)
Les IBAN virtuels sont disponibles chez Memo Bank. Voyez ça comme des alias d’adresses e-mail qui vous permettent de communiquer vos coordonnées bancaires sans dévoiler votre IBAN principal. Nous en parlons en détail sur notre magazine. (memo.bank/magazine)
L’aide de 500 € pour les PME qui souhaitent numériser une partie de leur activité est prolongée jusqu’au 30 juin 2021. Cette aide s’adresse aux entreprises de moins de 11 salariés qui ont été contraintes de fermer à partir d’octobre 2020. (francenum.gouv.fr)
Si vous cherchez du travail, vous êtes sans doute sur LinkedIn. Et si vous êtes sur LinkedIn, vous avez dû voir que le lancer de fleurs y occupait une place au moins aussi importante que le recrutement. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez rester en dehors de tout ça. (index.medium.com)
Le métier de banquier devient de plus en plus commercial. Certaines personnes le déplorent, car elles estiment qu’on les pousse à vendre des produits dont leurs clients n’ont pas toujours besoin. Témoignage d’une banquière qui s’interroge sur ce qu’est devenu son métier. (moneyvox.fr)
Des chiffres
Les dirigeants de grosses PME (au moins 15 millions de chiffre d’affaires) sont optimistes. Leur niveau de confiance est au plus haut depuis février 2020, d’après une étude menée par Opinion Way. 85 % des dirigeants sondés se disent « très confiants » ou « assez confiants » quant au futur de leur entreprise.
Des lettres
« Nous lisons parce que, même si lire n’est pas indispensable pour vivre, la vie est plus aisée, plus claire, plus ample pour ceux qui lisent que pour ceux qui ne lisent pas. »
— Antoine Compagnon (2006). La littérature, pour quoi faire ?
À pourvoir
RH. — Nous avons un poste de Chargé(e) de recrutement à pourvoir. Le travail à distance ouvre de nouveaux horizons pour le recrutement, venez nous aider à recruter différemment.
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