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Le télétravail gagne du terrain dans les entreprises

Brice Boulesteix

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13 août 2021

La newsletter Memo Bank du 13 août 2021.

Message de service : en bonne « aoûtienne », notre newsletter sera en vacances vendredi prochain. Retour le 27 août.

Bonjour, vous lisez la newsletter de Memo Bank, la nouvelle banque indépendante pour les PME. Si vous nous suivez déjà depuis quelque temps, merci beaucoup. Et si vous nous découvrez tout juste, bienvenue à vous.

À lire

Le débat sur le télétravail dépasse le stade du « pour ou contre »

Avant la pandémie de Covid-19 et les confinements décrétés pour l’endiguer, le télétravail faisait rarement l’objet de débats dans les entreprises. Il y avait d’un côté les entreprises qui toléraient le télétravail et de l’autre celles qui étaient attachées à la présence au bureau. C’était simple et c’était tout. Quand on les interrogeait sur le travail à distance, les entreprises se divisaient en deux groupes, et chaque groupe défendait sa propre vision du travail — avec ou sans bureau. Les deux camps étaient si bien délimités que les frontières entre l’un et l’autre semblaient infranchissables, hermétiques. Tout le monde campait tranquillement sur sa position jusqu’à ce que Yahoo, alors considérée comme une entreprise de premier plan, décide de retourner sa veste pour passer dans le camp d’en face.

Le 22 février 2013, après avoir longtemps autorisé ses salariés à travailler d’où ils voulaient, Yahoo a changé d’avis. Ce jour-là, les 11 500 employés de Yahoo ont reçu un e-mail leur annonçant que le télétravail leur était à présent interdit, au motif que les meilleures décisions résultaient de rencontres impromptues dans les couloirs de l’entreprise — argument qui faisait et fait toujours l’objet de vives discussions. Puisque le télétravail perdait du terrain chez un géant de l’Internet, les commentateurs de l’époque ont cru que le télétravail allait vite reculer partout, y compris dans les entreprises qui y étaient favorables. En réalité, c’est surtout Yahoo qui a décliné dans les années qui ont suivi cette décision controversée, jusqu’à son rachat par Verizon, en 2016, puis sa revente à un fonds d’investissement, en 2021.

N’en déplaise à Yahoo, un récent article de The Economist montre que le nombre d’offres d’emploi compatibles avec le télétravail n’a en fait jamais vraiment cessé de croître depuis 2011. Pour parvenir à cette conclusion, l’hebdomadaire britannique a épluché les annonces publiées sur Hacker News, un forum anglophone très populaire dans le petit monde de l’informatique. D’après The Economist, alors que seulement 13 % des offres publiées sur Hacker News en 2011 contenaient le terme « remote » (travail à distance possible), cette part est passée à 75 % en 2021. Sans surprise, la hausse en question s’est amplifiée depuis le début de la pandémie, elle est la directe conséquence des longs mois de confinement. Mais cette conséquence devient aussi une cause à présent, puisqu’à mesure que des entreprises adoptent le télétravail, celles qui rechignaient à le faire jusque-là sont tentées de reconsidérer le sujet.

Si l’article de The Economist montre que 25 % des entreprises technologiques continuent de privilégier la présence au bureau, il montre aussi, en creux, que la question du télétravail se pose désormais dans toutes les entreprises ou presque. Puisqu’il n’y a plus ni de norme ni d’exception en matière de travail à distance, la plupart des entreprises doivent désormais se positionner sur le sujet si elles entendent attirer des profils qualifiés. Certains dirigeants proposent plus ou moins de télétravail à leurs salariés, d’autres pas, mais tous en parlent dans leurs offres d’emploi, car le sujet est devenu courant, normal, attendu. La Banque d’Angleterre, à qui nous devons une revue des études sur le lien entre télétravail et productivité, se réjouissait en juillet dernier de voir que le nombre d’articles académiques consacrés au télétravail était en hausse depuis le printemps 2020 — preuve que le débat sur le sujet dépasse le simple stade du « pour ou contre » où il stagnait depuis de longues années.

Et les PME dans tout ça ? Dans l’ensemble, les dirigeants de PME semblent encore relativement attachés à la présence de leurs employés au bureau. Cela dit, 37 % des patrons de PME de plus de 100 salariés se disent prêts à pérenniser le télétravail, notamment pour répondre à la demande de flexibilité de leurs salariés. Bien sûr, certains métiers se prêtent mieux au télétravail que d’autres. On ne peut pas planter un clou sur Internet, par exemple, et toutes les pandémies à venir n’y changeront rien. Pourtant, même dans des métiers considérés comme industriels ou manuels, un certain nombre de tâches peuvent être compatibles avec du télétravail ponctuel. Qu’est-ce qui empêcherait par exemple un automaticien de travailler depuis chez lui quand il commence à programmer une machine qui ne lui a pas encore été livrée ? Pas grand-chose… Plus les entreprises se numérisent, et plus leurs salariés sont amenés à travailler sur des ordinateurs une partie de leur temps, ce qui accroît en retour les occasions de développer le télétravail. Cette fois, il faudra sans doute plus qu’un Yahoo pour inverser la tendance.

Le pirate est un loup pour le pirate

Si l’un des services en ligne que vous utilisez se fait siphonner sa base de données par des pirates, votre adresse e-mail et votre mot de passe peuvent alors se retrouver dans la nature, sous des formes plus ou moins exploitables. Que se passe-t-il ensuite ? Ensuite, les pirates peuvent tenter de se connecter à d’autres services en utilisant votre e-mail et votre mot de passe — ils commencent généralement par votre compte en banque. Si vous utilisez le même mot de passe partout, y compris pour vous connecter à votre banque, vous avez du souci à vous faire — ne faites pas ça.

À l’inverse, si votre mot de passe bancaire est différent du mot de passe tombé entre les mains des pirates, vous avez de quoi voir venir. Mais quand bien même vous auriez pris l’habitude d’utiliser des mots de passe forts et uniques, nous vous conseillons de rester sur vos gardes malgré tout. Pourquoi ? Parce que les pirates s’arrêtent rarement en si bon chemin. Puisqu’ils possèdent votre adresse e-mail, ces derniers peuvent se mettre à vous envoyer des e-mails d’hameçonnage, c’est-à-dire de vrais faux e-mails censés tromper votre vigilance dans le but de vous soutirer votre numéro de carte bancaire, par exemple.

Admettons que vous mordiez à l’hameçon et que vous transmettiez vos coordonnées bancaires à des malfrats sans vous en rendre compte, que se passe-t-il ensuite ? Ensuite, il est probable que votre numéro de carte et votre code de sécurité, celui qui figure au dos de votre carte, soient mis en vente sur un site de carding, c’est-à-dire un site où des pirates achètent et revendent des numéros de carte — une carte valide, avec code de sécurité à trois chiffres, se négocie entre 110 et 220 $ dans les arrières-cuisines du web.

Et après ? Une fois mises en vente sur un site de carding, vos coordonnées bancaires peuvent changer de mains. Elles peuvent tomber chez d’autres escrocs, qui les utiliseront peut-être pour effectuer des achats frauduleux sur des sites peu regardants. De votre côté, une fois que votre compte bancaire aura été ponctionné frauduleusement, vous pourrez aller voir votre banque pour lui demander un remboursement. Comme vous êtes la victime dans l’histoire, et comme les montants en jeu dépassent rarement quelques milliers d’euros, vous obtiendrez probablement gain de cause. Des recours existent pour les victimes d’hameçonnage, fort heureusement.

Mais que se passe-t-il si les victimes d’hameçonnage sont… des pirates ? Le site de sécurité informatique KrebsOnSecurity raconte l’histoire rocambolesque d’un pirate… piraté par des pirates plus malins que lui. L’article nous apprend qu’il existe de faux sites de carding, qui ressemblent fort aux vrais sites de carding, et qui demandent à de vrais pirates d’envoyer de vrais Bitcoins sur un vrai compte en échange de coordonnées bancaires valides — des numéros de cartes qui n’arrivent ensuite jamais, bien entendu, faux site oblige. Si les victimes d’hameçonnage peuvent se tourner vers leur banque en cas de fraude, les escrocs ayant fait l’objet d’un hameçonnage n’ont que leurs yeux pour pleurer, eux. En ce sens, pirater un pirate constitue un crime parfait, car jamais un pirate n’ira voir la police pour se plaindre d’un piratage. Il n’y a décidément pas de métier facile…

À parcourir

Les « sandales méduses », ces chaussures de plage que les enfants mettent pour aller jouer dans les rochers, sont fabriquées depuis 75 ans par une PME du Maine-et-Loire, le groupe Humeau-Beaupréau. lesechos.fr

Nous avons fait la liste des conseils que nous donnons à nos banquiers quand ils passent de Windows à macOS — tout le monde travaille sur un MacBook chez Memo Bank. Lecture recommandée, que vous débutiez sur macOS ou non. memo.bank/magazine

La Revue Banque, le magazine professionnel de la Fédération bancaire française (FBF), va licencier 9 de ses 17 salariés. La Revue Banque est aussi connue pour les nombreux livres bancaires qu’elle édite. lemonde.fr

Le ministère du Travail vient de mettre en ligne des explications sur le fonctionnement du passe sanitaire. Nous ignorons nous aussi pourquoi cette notice est publiée sous la forme d’une foire aux questions (FAQ). travail-emploi.gouv.fr

Minute régulation. La Banque d’Angleterre se demande si la réglementation bancaire, conçue pour encadrer les grandes banques, convient aussi à la surveillance des petites banques. bankunderground.co.uk (article en anglais)

Si votre PME est engagée dans le « développement durable », vous avez jusqu’au 5 septembre pour répondre au sondage de l’organisation des nations unies (ONU) sur le sujet. surveymonkey.com

Des chiffres

D’après le dernier point de conjoncture publié par la Banque de France, l’économie française a tourné en juillet à 99 % de sa capacité normale. Dit autrement, l’activité économique enregistrée au mois de juillet était inférieure d’un seul point de pourcentage à son niveau d’avant-crise (janvier et février 2020). Prudence tout de même, car la trésorerie des entreprises semble repartir légèrement à la baisse dans le même temps, bien qu’elle reste au-dessus de son niveau moyen (enregistré depuis 2002).

Des lettres

« L’ancien temps avait vu jusqu’où pouvait aller la liberté, mais nous avons vu, nous, jusqu’où peut aller la servitude. »

— Tacite (98 après J.-C.). La Vie d’Agricola.

À pourvoir

Nous recrutons une personne au poste de Growth marketing manager pour nous aider à gérer nos campagnes de prospection. Point bonus si vous ne vous présentez pas comme un « growth hacker » dans votre lettre de motivation.

Brice Boulesteix

Rédacteur