La Société Générale fusionne avec le Crédit du Nord
Quel est le point commun entre les couches Pampers, les piles Duracell, et les rasoirs Gillette ? À première vue, aucun. Ces 3 marques appartiennent pourtant à la même entreprise : Procter & Gamble (P&G), une société américaine qui gère plusieurs marques — on parle aussi de « famille » de marques. Les familles de marques permettent à une même entreprise d’être présente dans des catégories différentes, sous des noms différents. Par exemple, en possédant Ariel et Lenor, P&G est présent dans la catégorie des lessives et dans celle des adoucissants. De cette manière, P&G peut toucher plusieurs types de clients, sans mettre tous ses œufs dans le même panier pour autant. Admirable, n’est-ce pas ? Oui, certes, mais à un détail près : le coût. Les familles de marques coûtent cher à entretenir, car chaque marque nécessite des investissements qui lui sont propres et qui ne profitent pas forcément aux autres marques du portefeuille. Une publicité pour les rasoirs Gillette n’accroît pas les ventes de lessive Ariel — bien que Roger Federer soit très persuasif. En période de disette, il n’est donc pas rare de voir des entreprises restructurer leur portefeuille de marques pour faire des économies.
Si les familles de marques sont très présentes dans la grande distribution, on en trouve aussi dans la banque. Le Crédit Mutuel Arkéa possède par exemple la banque en ligne Fortuneo et le service de cagnotte Leetchi. Autre exemple : la Société Générale détient le Crédit du Nord, la banque en ligne Boursorama, et la néo-banque Shine. Comme dans la grande distribution, les familles de marques bancaires coûtent cher à entretenir, pour des « synergies » pas toujours évidentes. C’est ainsi que la Société Générale se retrouve à gérer plusieurs systèmes informatiques en parallèle : un pour ses propres clients et un autre pour ceux du Crédit du Nord. Dans ces conditions, et face à la mauvaise passe que traverse la banque, la Société Générale vient d’annoncer dans un récent communiqué qu’elle allait fusionner avec sa filiale, le Crédit du Nord. Objectifs annoncés : fermer 600 agences d’ici à 2025, mettre en commun certaines fonctions pour limiter les doublons, et faire tourner les deux banques sur le même système informatique d’ici 2023 — comme prévoyait déjà de le faire la banque néerlandaise ING avec toutes ses filiales européennes dès 2016, avant de se raviser.
Les yeux dans les PME
En 1998, quelques journalistes de Canal+ ont suivi l’équipe de France de football avant et pendant la Coupe du monde. De leur immersion dans les vestiaires du Stade de France, les correspondants de la chaîne cryptée ont tiré Les Yeux dans les bleus, un reportage au plus près du terrain, qui a depuis fait école. La preuve, Bpifrance vient de publier une étude sur les dirigeants de PME, après plusieurs mois passés à suivre des chefs d’entreprise. Que dit l’étude ? Elle montre que les chefs de petites et moyennes entreprises mouillent le maillot, à tel point que la plupart d’entre eux déclarent avoir souffert physiquement quand leur entreprise s’est mise à souffrir économiquement, lors du premier confinement. S’ils ont ressenti la morsure de la crise économique et sanitaire dans leur chair, les dirigeants l’ont aussi ressentie dans leur tête, puisque tous sans exception disent avoir vu leur forme psychologique baisser depuis le début de l’année, sous l’effet de l’anxiété notamment. Autre statistique intéressante : les entrepreneurs interrogés (des hommes à 87 %) déclarent s’être appuyés sur leurs collaborateurs et leurs proches, mais aussi sur leurs banquiers — bien plus que sur leurs pairs, ce qui confirme que les dirigeants n’osent pas forcément parler de leurs soucis à d’autres chefs d’entreprise. Pudeur d’entrepreneur.
Des prêts européens pour financer des projets de numérisation
Après avoir lancé clique-mon-commerce.gouv.fr et proposé un chèque numérique de 500 € à tous les commerces fermés, le gouvernement vient de débloquer 715 millions d’euros pour financer la transition numérique des PME de moins de 50 employés, sous la forme de garanties de prêts. D’où viennent les fonds ? Les 715 millions mobilisés viennent du Fonds européen d’investissement (FEI) et de la commission européenne (au travers du programme COSME). Comment ça marche ? À peu près comme le prêt garanti par l’État. Concrètement, les PME qui souhaitent numériser une partie de leur activité peuvent aller voir leur banque, lui demander un financement pour un projet immatériel (jusqu’à 50 000 €), et obtenir par l’intermédiaire de Bpifrance une garantie couvrant 80 % du prêt. Les PME y gagnent, car elles obtiennent un financement sans fournir une caution personnelle en retour. Les banques y gagnent également, car elles ne se mouillent « que » sur 20 % des sommes prêtées — les 80 % qui restent étant garantis par l’État. Le nom de code de ce nouveau dispositif est « la garantie de prêt France Num », du nom de l’agence gouvernementale chargée d’aider les entreprises à se numériser. Le Crédit Agricole a d’ailleurs d’ores et déjà annoncé qu’il proposait la garantie France Num à ses clients.