Les entreprises ne se pressent pas pour rembourser leur PGE
Dans son livre La magie du rangement, Marie Kondo recommande à ses lecteurs de jeter tout ce qui ne leur sert pas. Sa doctrine est redoutablement simple : les objets que vous n’utilisez pas ne vous manqueront pas si vous venez à vous en débarrasser. On ne regrette que ce qu’on utilisait vraiment. Puisque certaines choses ne vous sont pas utiles, puisqu’elles ne vous évoquent rien, puisqu’elles ne vous « mettent pas en joie », vous feriez mieux de les mettre à la benne. Jetez-les, recyclez-les, vendez-les, donnez-les, faites-en ce que vous voulez, mais chassez-les de votre intérieur, sortez-les de votre vie.
Vous avez acheté un manteau il y a quelques années mais vous ne l’avez jamais porté depuis ? Suivez le conseil de Marie Kondo et vendez-le. Vous n’avez jamais ouvert ce livre qui traîne sur votre étagère depuis des années ? Suivez le conseil de Marie Kondo et donnez-le. Vous avez obtenu un prêt garanti par l’État (PGE) au printemps dernier et vous n’y avez pas touché depuis ? Suivez le conseil de Marie Kondo… et… remboursez-le intégralement tout de suite ? Attendez… Est-ce que la doctrine de Marie Kondo s’applique au prêt garanti par l’État ? Pas si sûr… Une chose est sûre : si c’est le cas, si la méthode Kondo marche aussi avec les crédits de trésorerie, on ne peut pas dire que les conseils de la spécialiste japonaise du rangement aient été très suivis par les dirigeants qui ont obtenu un PGE…
D’après les premiers chiffres publiés par la Fédération bancaire française, bien que la moitié des 669 883 entreprises qui ont demandé un PGE n’y aient pas touché, seuls 12 % des dirigeants prévoient de rembourser intégralement leur PGE dès cette année. En d’autres termes, les chefs d’entreprise ne semblent pas se presser pour se débarrasser de leur PGE, même ceux qui n’ont pas l’intention de puiser dans leur prêt. Ce que n’avait sans doute pas prévu Marie Kondo, c’est qu’un crédit de trésorerie obtenu en temps de crise aide les dirigeants à mieux dormir, même s’il n’est pas trop utilisé par la suite. C’est même précisément quand le PGE ne sert pas qu’il met les dirigeants « en joie », car ces derniers savent alors qu’ils peuvent voir venir, qu’ils ont un peu d’air en réserve.
N’en déplaise à Marie Kondo, 74 % des chefs d’entreprise prévoient d’étaler le remboursement de leur PGE sur 6 ans (durée de remboursement maximale). Et ce, alors même que la Banque de France commence à expliquer que la vitesse de remboursement du PGE entrera en ligne de compte quand viendra l’heure d’attribuer des cotations aux entreprises, comme nous en parlions la semaine dernière dans cette newsletter. Les entreprises qui rembourseront rapidement leur PGE obtiendront sans doute une meilleure cote de crédit que les autres, mais pas sûr que cela suffise à convaincre les chefs d’entreprise de rembourser leur PGE dès cette année. La magie du retardement.
Des reports d’impôts possibles pour les PME
Si vous dirigez une PME et que vous n’avez pas pu payer certains de vos impôts professionnels l’année dernière, avant le 31 décembre 2020, alors vous pouvez demander un étalement de vos paiements sur plusieurs années, afin d’épargner un peu votre trésorerie. Pour éviter de couper les ailes des PME alors que la reprise semble désormais au coin de la rue, le gouvernement vient d’annoncer un nouveau dispositif de soutien aux entreprises.
Ce dispositif fiscal permet aux entreprises qui ont déjà bénéficié d’un report d’échéances fiscales en 2020, d’étaler sur un, deux, ou trois ans supplémentaires, le paiement d’impôts qu’elles auraient dû payer entre le 1er mars au et le 31 décembre 2020 — avant de bénéficier d’un report d’échéances, donc. Et pour les étalements d’une durée inférieure ou égale à 24 mois, vous n’aurez même pas à fournir une garantie à l’État. Pas de caution, rien.
Quels sont les impôts concernés ? La liste est longue, mais parmi les impôts visés figurent la TVA, la cotisation foncière des entreprises, l’impôt sur les sociétés, ou encore la taxe foncière — pour les entreprises qui sont propriétaires de leurs locaux. Quelles entreprises peuvent bénéficier de ce dispositif d’étalement des paiements ? Les PME, bien sûr, mais aussi les très petites entreprises (TPE), les commerçants, les artisans, les professions libérales (sous conditions), et les micro-entrepreneurs (entrepreneurs individuels).
Comment bénéficier de ce dispositif ? Vous devez transmettre votre demande au service des impôts des entreprises (SIE) avant le 30 juin 2021. Pour ce faire, connectez-vous à votre espace professionnel sur impots.gouv.fr et remplissez le formulaire de « demande de plan de règlement spécifique covid 19 », qui devrait se trouver dans votre messagerie sécurisée. Si vous préférez adresser votre demande au SIE par courrier, c’est possible. Trouvez le SIE le plus proche de chez vous en consultant l’annuaire du service public. À ce jour, plus de 100 000 entreprises ont bénéficié d’un report d’échéances fiscales.