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Écrit par Brice Boulesteix
Publié le
Un nouveau type de prêt bancaire pour les PME
La newsletter Memo Bank du 5 mars 2021
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À lire
Des prêts participatifs pour relancer les PME
Moins d’un an après la mise en place du prêt garanti par l’État (PGE), le gouvernement vient d’annoncer le « prêt participatif », un nouveau type de prêt bancaire destiné aux entreprises. Ces prêts seront proposés par les banques dès le mois d’avril et ce jusqu’en juin 2022. Ils seront réservés aux entreprises « viables », c’est-à-dire les PME qui ont fait au moins deux millions de chiffre d’affaires en 2019, et toutes les entreprises de taille intermédiaire (ETI), celles qui emploient plus de 250 salariés. Pourquoi lancer un nouveau type de crédit maintenant ? Parce que les besoins des entreprises ont changé, d’après le gouvernement. Au printemps 2020, alors que leur chiffre d’affaires fondait comme la neige au soleil sous l’effet du premier confinement, les entreprises avaient besoin d’argent frais. L’heure était grave, il fallait réagir vite. Lancé en urgence le 23 mars dernier, le PGE a certes permis aux entreprises de maintenir leur trésorerie à flot en 2020, mais il a aussi contribué à la hausse de leur endettement. Problème : les entreprises qui se sont trop endettées l’année dernière n’auront pas les moyens de rebondir dès cette année, elles risquent donc de manquer la reprise. C’est en tout cas ce que semble craindre le gouvernement, pour qui le remboursement du PGE à court terme (désendettement) ne doit pas se faire au détriment de l’investissement à long terme (développement). Après avoir aidé les entreprises à survivre avec les prêts garantis par l’État, le gouvernement souhaite maintenant les aider à se relancer avec les prêts participatifs. En quoi consisteront les prêts participatifs ? Au même titre que les PGE, les prêts participatifs seront des prêts bancaires. Ils seront accordés par les banques aux entreprises qui en feront la demande, après examen de leur dossier. Ces prêts dureront huit ans au total, mais les entreprises ne commenceront à les rembourser qu’au bout de quatre ans — pour leur laisser le temps d’investir.
En quoi ces prêts seront-ils participatifs ? C’est un peu technique, mais une fois qu’elle aura accordé un prêt participatif à une entreprise, la banque conservera 10 % du prêt chez elle et cédera les 90 % qui restent à des fonds d’investissement labellisés « Relance », c’est-à-dire sélectionnés par le gouvernement. Pourquoi céder des créances de PME à des fonds ? Parce que les épargnants français pourront ensuite investir dans certains de ces fonds, ce qui permettra de mettre l’épargne des Français au service des entreprises françaises. Concrètement, si vous avez une assurance-vie ou un plan d’épargne en actions (PEA) dans une banque, votre banque vous proposera peut-être bientôt de mettre des fonds labellisés « Relance » dans votre assurance-vie ou dans votre PEA. Une partie de votre épargne sera alors investie dans des fonds « Relance », qui auront eux-mêmes investi à 90 % dans des prêts participatifs accordés par les banques aux entreprises. La bonne nouvelle, c’est que l’État va garantir jusqu’à 30 % de la valeur liquidative des fonds « Relance ». Si un fonds rachète des prêts participatifs et que certains de ces prêts ne sont pas intégralement remboursés, la valeur du fonds va baisser, mais la garantie de l’État s’appliquera alors pour couvrir jusqu’à 30 % des pertes essuyées par le fonds. Quant aux 10 % du prêt que la banque conserve, ils ne sont pas couverts par la garantie de l’État. Pour le reste, dans le détail : les prêts participatifs seront comptabilisés comme du capital, des « quasi fonds propres », pas comme de la dette, ce qui permettra aux entreprises de s’en servir pour aller chercher d’autres crédits. Le gouvernement a aussi précisé que ces prêts seraient cumulables avec le PGE. Par le biais des prêts participatifs, les entreprises pourront emprunter jusqu’à 12,5 % de leur chiffre d’affaires 2019, à des taux allant de 4 à 5,5 % en fonction de la banque choisie. Après avoir mobilisé 300 milliards pour apporter sa garantie aux PGE, l’État va mettre 20 milliards de plus sur la table pour garantir des prêts participatifs et des obligations participatives (qui fonctionnent comme les prêts du même nom).
Le burn-out des dirigeants et ses conséquences stratégiques
Diriger une PME n’est pas de tout repos. Et pour cause : les dirigeants de PME mettent une bonne partie de leur temps et de leurs économies au service de leur entreprise. Ils sont au four et au moulin, du matin au soir, plus de 50 heures par semaine. Ils sont littéralement investis dans la réussite de leur entreprise. Cet investissement se paye souvent par un surcroît de fatigue. Quand un dirigeant accumule trop de fatigue, il devient sujet au burn-out, ce stade suprême de l’épuisement. Le risque de burn-out n’est pas nouveau pour les dirigeants de PME. Ce risque existait avant l’épidémie de Covid-19 et il existe toujours aujourd’hui, alors que la reprise semble au coin de la rue. Est-ce à dire que l’épidémie de Covid-19 n’a rien changé sur ce point ? Pas vraiment. Avant l’épidémie, la menace principale pour les dirigeants de PME était l’épuisement physique, la fatigue causée par un trop-plein d’activité, le corps qui lâche. Depuis le début de l’épidémie, les dirigeants sont menacés par une autre forme d’épuisement : l’épuisement émotionnel, la fatigue engendrée par un déficit d’activité, la tête qui lâche. C’est bien simple : alors que les entreprises tournent au ralenti depuis plusieurs mois, les chefs d’entreprise ne se sont jamais sentis aussi fatigués que ces derniers mois. Que se passe-t-il ? Pour répondre à cette question, le chercheur Olivier Torres — à qui nous devons l’un des rares ouvrages académiques consacrés aux PME —, a suivi des dirigeants de petites et moyennes entreprises avant, pendant, et après les épisodes de confinement.
Les conclusions d’Olivier Torres, récemment publiées dans une étude, montrent que certains dirigeants sont épuisés. La proportion de chefs d’entreprise sur le point de faire un burn-out est passée de 17,50 % à 36,77 % entre mars 2019 et février 2021. Quant aux dirigeants de PME qui ont bel et bien basculé dans un état de burn-out, leur part est passée 1,75 % à 10,41 % sur la même période. Pour Olivier Torres, l’état de burn-out se caractérise par un mélange de fatigue émotionnelle, mentale, et physique. Quand un chef d’entreprise ressent ces trois types de fatigue, c’est le signe qu’il est en état de burn-out plus ou moins avancé. Rincés par des fermetures successives, dépités de voir s’effondrer tout ce qu’ils avaient patiemment construit, lassés de naviguer à vue, les chefs d’entreprise se sentent à la fois coincés, déprimés, et impuissants. Pourquoi cette situation est-elle préoccupante ? Parce que l’état de burn-out plus ou moins critique dans lequel se situent de nombreux dirigeants de PME fait peser un risque non seulement sur leur santé, mais aussi sur celle de leur entreprise. Un dirigeant épuisé, c’est un dirigeant qui ne voit venir ni les opportunités ni les menaces. En se focalisant sur la communication gouvernementale et les informations sanitaires, les dirigeants atrophient leurs facultés entrepreneuriales ; plus ils cogitent et moins ils agissent. Problème : si certains dirigeants de PME ratent la reprise, ils courent le risque de se faire cueillir à la sortie de la crise. Avec eux, ce sont des milliers de PME qui risquent de stagner, voire de plonger, à l’heure où nous aurons plus que jamais besoin des emplois qu’elles sont capables d’entretenir et de créer.
À parcourir
Quand la Banque Centrale Européenne cite les Daft Punk (sérieusement). (youtube.com)
L’agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) vient de publier un guide sur la cyber-sécurité spécifiquement conçu pour les PME. (ssi.gouv.fr)
Notre webinar sur la cotation Banque de France et sur ce que les banquiers en font aura lieu mardi prochain, le 9 mars, à 11 h 30. Inscrivez-vous, c’est gratuit. (memo.bank)
Comment l’entreprise Roz, l’un des derniers fabricants jurassiens de jeux d’échecs en bois, a vu ses ventes relancées par une série Netflix mettant en scène une joueuse d’échecs. (leparisien.fr)
Le ministère du travail propose des conseils et un accompagnement gratuit aux dirigeants de PME qui souhaitent mettre en place ou consolider le télétravail dans leur entreprise. (travail-emploi.gouv.fr)
Des chiffres
L’INSEE vient de publier des chiffres sur les emplois créés par les entreprises en fonction de leur taille. Entre 2008 et 2017, les PME (10 à 249 salariés) ont créé 80 000 emplois salariés en France. Pendant ce temps, les grandes entreprises (5 000 salariés et plus) ont supprimé 246 300 emplois. Bien sûr, une grande entreprise qui ferme laisse nécessairement plus de salariés sur la carreau qu’une PME qui ferme. Mais l’étude de l’INSEE montre que même les grandes entreprises qui se portent bien ont supprimé des emplois entre 2008 et 2017.
Des lettres
« Il faut en France beaucoup de fermeté et une grande étendue d’esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi, à ne rien faire. »
— La Bruyère (1688). Les Caractères.
À pourvoir
Design. — Nous recrutons une personne au poste de Head of design. Sans être un critère de recrutement, le fait de citer les Daft Punk dans votre lettre de motivation sera apprécié.
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