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L’empreinte carbone de Memo Bank en 2023

Benjamin Paboudjian

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04 juin 2024

Notre première évaluation de l’empreinte carbone a été effectuée en 2021, grâce à l’expertise du cabinet Magelan. 2023 marque la deuxième année où nous avons procédé à l’élaboration de notre bilan carbone de manière autonome. Nos calculs ont également été vérifiés par l’équipe de Magelan, afin de valider la rigueur de notre méthodologie.

Notre bilan carbone contient deux volets :

A. Les émissions induites par nos financements (comme en 2022) ;

B. Les émissions liées à nos activités et nos dépenses (comme en 2021 et 2022).

A. Les émissions induites par nos financements

En plus de calculer les émissions liées à nos activités, nous calculons les émissions liées aux crédits (prêts ou découverts) que nous accordons à nos clients. Notre méthodologie s’appuie sur celle du Partnership for Carbon Accounting Financials (PCAF) et prend en compte l’impact de l’inflation. Cette dernière a été appliquée aux données Exiobase 2019 selon le même procédé que pour les achats de biens et services. 

1. Méthodologie de calcul

La principe de la méthodologie appliquée est simple : si nous finançons une compagnie pétrolière, les effets sur l’environnement ne seront pas les mêmes que si nous finançons une entreprise de coursiers à vélo. Pour avoir une bonne idée de notre empreinte, nous devons donc évaluer les effets induits par les financements que nous accordons à nos clients, en plus de ceux induits par nos propres activités.

Le PCAF recommande d’utiliser la formule suivante pour calculer l’empreinte carbone liée au financement d’une entreprise :

Émissions de CO2e induites par le financement = Encours du crédit octroyé à l’entreprise cliente * Émissions de CO2e de l’entreprise cliente / Total bilan de l’entreprise cliente

Voyons comment nous calculons ces éléments dans le détail.

Encours du crédit octroyé à l’entreprise cliente

Il faut ici distinguer prêts moyen long-terme et découverts.

  1. Dans le cadre des prêts moyens long terme, nous prenons le montant de l’encours du prêt à rembourser au 31 décembre 2022.
  2. Dans le cadre des découverts, en l’absence d’une recommandation du PCAF, nous avons choisi de façon conservatrice de prendre en compte le montant contractuel du découvert octroyé — et non le montant de découvert utilisé réellement par l’entreprise cliente.

Émissions de CO2e de l’entreprise cliente

Comment intégrer ces émissions, alors que toutes les entreprises ne réalisent pas de bilan carbone ? Nous avons appliqué 3 méthodologies différentes en fonction de la situation de l’entreprise.

  • Si l’entreprise a un bilan carbone, nous calculons à partir de ce bilan carbone un « facteur d’intensité bilanciel » (fonction de la taille du bilan de l’entreprise), qui nous permet de calculer les émissions de CO2e induites par le financement :
    • Facteur d’intensité bilanciel propre à l’entreprise cliente = Émissions de CO2e issues du bilan carbone / Total bilan de l’entreprise cliente.
    • Émissions de CO2e induites par le financement = Encours du financement octroyé à l’entreprise cliente * Facteur d’intensité bilanciel propre à l’entreprise cliente.

 

  • Si l’entreprise ne possède pas de bilan carbone mais a des données financières à jour, nous utilisons un facteur d’intensité générique propre au secteur et au pays de l’entreprise cliente, grâce à la base de données publique EXIOBASE. Sauf exception, nous utilisons le facteur d’intensité par chiffre d’affaires :
    • Émissions de CO2e induites par le financement = Encours du financement octroyé à l’entreprise cliente * (Facteur d’intensité par chiffre d’affaires issu d’EXIOBASE * Chiffre d’affaires de l’entreprise cliente) / Total bilan de l’entreprise cliente

 

  • Si l’entreprise ne possède pas de bilan carbone et n’a pas de données financières à jour, nous utilisons le facteur d’intensité bilanciel issu d’EXIOBASE :
    • Émissions de CO2e induites par le financement = Encours du financement octroyé à l’entreprise cliente * Facteur d’intensité sectoriel bilanciel

Résultats

Où en sommes-nous ? En 2023, l’empreinte environnementale de nos financements s’est légèrement réduite, passant de 1 530 tCO2e à 1 274 tCO2e. Cette diminution s’explique principalement par la stabilité de notre portefeuille de crédits. Là encore, c’est mécanique.

Ce qui est moins mécanique, c’est le choix des entreprises que nous finançons. Sur ce point, nous avons la main. Afin de limiter l’empreinte de nos financements, nous avons continué d’appliquer notre philosophie, à savoir ne pas financer les projets d’extraction ou d’exploitation de pétrole, de gaz ou de charbon. Les fonds déposés sur nos comptes courants et nos comptes à terme servent en partie à financer des PME françaises. En clair, plus nous finançons des entreprises dont les activités sont peu « carbonés » ou en voie de « décarbonation », et plus l’empreinte de chaque million d’euros de financement supplémentaire baisse, car nos nouveaux financements soutiennent alors des projets qui émettent moins de CO2e que les projets précédemment financés. La réalité est un peu plus nuancée, bien sûr, car les entreprises vraiment « décarbonées » ne représentent qu’une petite portion de l’économie, mais l’idée est d’accompagner la sortie du fossile par le crédit.

 

Poste20222023Progression
Empreinte totale de nos financements1 539 tCO2e1 274 tCO2e-256 tCO2e
Empreinte/million d’euros financé123 tCO2e/M€117 tCO2e/M€-5 %

Parmi les banques françaises, nous figurons toujours en 2023 parmi les meilleurs élèves. En effet, un million d’euros financé par Memo Bank engendre l’émission de 117 tonnes de CO2e alors que le même million produira 481 tonnes de CO2e sur la moyenne des grandes banques françaises selon le rapport Oxfam (Nous avons mis à disposition notre comparatif. Très peu de données récentes sont disponibles à ce jour). 

B. Les émissions liées à nos activités

Nous sommes partis des opérations listées dans notre bilan comptable. Pour chaque opération, nous avons isolé une quantité (en euros ou en grandeur physique), ce qui nous a ensuite permis d’estimer les émissions d’équivalent CO2 (CO2e) liées à chaque ligne de notre compte de résultat.

Nos émissions se répartissent comme suit par ordre d’importance :

  1. Achats de biens et services ;
  2. Déjeuners (en semaine) ;
  3. Lieux et postes de travail (bureaux et télétravail) ;
  4. Infrastructures et produits numériques ;
  5. Transports (professionnels).

Achats de biens et services (1)

Nous avons fait appel à plus de 400 partenaires en 2023.

La méthodologie du bilan carbone nous impose d’inclure ces émissions dites « indirectes » dans le calcul de notre propre empreinte, ce que nous avons fait en 2023. En revanche, dans la mesure où les émissions de nos partenaires ne dépendent pas de nous, l’incertitude qui entoure ces données est très forte. Afin de réduire cette incertitude, nous encourageons nos principaux partenaires à faire leur propre bilan carbone, et nous fondons nos calculs sur une source reconnue, la base de données publiques Exiobase.

En 2023, les achats de biens et services ont représenté 88 % de nos émissions, pour un total de 276 tonnes, un chiffre en diminution de 17 % sur un an. Cela s’explique par une méthode de calcul plus fine : nous avons notamment intégré l’impact de l’inflation aux facteurs d’émission du référentiel Exiobase. Ce poste constitue toujours notre première source d’émissions, comme en 2022.

 

Poste20222023Progression
Achats de biens et services333 tCO2e276 tCO2e-17 %

Ce qui a changé par rapport à 2022 :

  • nous avons intégré les coefficients de l’inflation aux facteurs d’émission Exiobase 2019 pour créer des facteurs d’émission Exiobase 2023. La source d’information pour l’inflation est ici.

Objectifs pour 2024 :

  • continuer de réduire le niveau d’incertitude des données liées à ce poste ;
  • privilégier les partenaires qui ont fait un bilan carbone ;
  • choisir nos partenaires en fonction de leur niveau d’émission.

Déjeuners en semaine (2)

Comme en 2021, les déjeuners ont constitué notre deuxième source d’émissions — par ordre d’importance. La bonne nouvelle ici, c’est que nous pouvons avoir une influence directe sur cette source d’émission, par exemple en privilégiant les repas végétariens lors de nos évènements internes.

Où en sommes-nous ? En 2022, les déjeuners pris par les employés de Memo Bank ont représenté 6 % de nos émissions, pour un total de 21 tonnes. Fait notable : les émissions liées à notre alimentation ont baissé entre 2021 et 2022, alors que notre effectif a augmenté sur la même période — passant de 50 à 61 personnes.

Poste20222023Évolution
Empreinte totale21,3 tCO2e23,1 tCO2e+8 %
Nombre de repas/semaine308 repas/semaine320 repas/semaine+4 %
Poids d’un repas1,55 kgCO2e/repas1,67 kgCO2e/repas+8 %

Objectifs pour 2024 :

  • continuer sur notre trajectoire baissière collective ;
  • inclure des rappels sur le sujet dans nos formations internes.

Lieux et postes de travail (3)

Nous occupons toujours un espace privatif au sein d’un immeuble de bureaux à Paris. Le télétravail est toujours de mise et les employés de Memo Bank vivent aux quatre coins du pays.

Pour connaître l’empreinte de nos postes de travail, nous prenons en compte :

  • les émissions liées aux mètres carrés que nous louons à Paris ;
  • la fabrication et la consommation de nos ordinateurs et écrans ;
  • les émissions liées à nos outils interne (Google Meet par exemple).

Où en sommes-nous ? En 2023, l’empreinte de nos bureaux parisiens est en légère hausse à 3,3 t. Cette hausse s’explique par la hausse de notre effectif qui nous a conduit à changer de locaux durant l’année.

Poste20222023Progression
Bureaux2,8 tCO2e3,33 tCO2e+20 %
Télétravail et outils6,9 tCO2e6,5 tCO2e-6 %
Total / employé158 kgCO2e153 kgCO2e+3 %

Ce qui a changé par rapport à 2022 :

  • notre effectif a augmenté ;
  • le nombre d’ordinateurs que nous utilisons a augmenté mais les écrans complémentaires en télétravail sont en baisse ;
  • la mesure de nos usages d’outils (visioconférence, lecture de vidéos) est plus fine, en effet nous utilisons maintenant directement le chiffrage de la consommation réelle fourni par la console d’administration de Google. En 2022 nous avions effectué un sondage des employés sur le nombre d’heures passées et complété avec un facteur d’émissions (passage de 0,6 t à 0,3 t).

Objectifs pour 2024 :

  • prolonger la durée de vie de nos ordinateurs et écrans.

Infrastructures et produits numériques (4)

En 2023, les émissions causées par les serveurs que nous louons à Amazon Web Services (AWS) sont restées stables, alors que l’usage de nos services bancaires a fortement augmenté. Un parc de serveurs AWS peut absorber 10 fois plus de trafic sans forcément nécessiter 10 fois plus d’électricité pour tourner. Ces effets d’échelle expliquent pourquoi la consommation des centres de données n’a augmenté que de 10 % entre 2010 et 2020 pendant que le trafic de nos utilisateurs était multiplié par 16 (+1 500 %).

Où en sommes-nous ? En 2023, nos serveurs AWS ont émis à peu près la même chose que ce qu’ils avaient émis en 2022, alors que notre nombre d’utilisateurs a fortement augmenté.

Poste202120222023Progression
AWS3,4 tCO2e3,4 tCO2e3,3 tCO2e-3 %

Ce qui a changé par rapport à 2022 :

  • le nombre de personnes qui utilisent nos services a augmenté ;
  • notre site web a été revu et optimisé ; 
  • le nombre de requêtes sur nos serveurs a augmenté lui aussi.

Objectifs pour 2024 :

  • continuer d’optimiser l’utilisation de nos serveurs ;
  • optimiser nos pages web et nos images pour réduire leur poids.

Transports (5)

Nous sommes plus nombreux en 2023 et avons en conséquence parcouru plus de kilomètres qu’en 2022.

Où en sommes-nous ? En 2023, nous avons parcouru 15 % de km en plus (tous moyens de transport confondus), néanmoins notre empreinte est restée stable suite à la mise à jour du facteur d’émission du train.

Poste20222023Évolution
Distance total269 000 km309 800 km+15 %
Empreinte des transports1,41 tCO2e0,9 tCO2e
Empreinte des transport/employé23,11 kgCO2e/salarié14 kgCO2e/salarié

Ce qui a changé par rapport à 2022 :

  • Le facteur d’émission du train est en baisse passant de 3,3 kg CO2E en 2022 à 2,9 kg CO2E en 2023 pour 1000 km (source) ;
  • nous sommes plus nombreux et ne vivons pas tous à Paris ;
  • aucun déplacement professionnel en avion n’a été nécessaire cette année encore.

Objectifs pour 2024 :

  • continuer à ne pas prendre l’avion autant que faire se peut ;
  • continuer de privilégier le train sur la voiture ;
  • encourager la marche, le vélo, et les transports en commun.

Total des émissions liées à nos activités

Au total, nous avons émis 313 tonnes de CO2e en 2023, ce qui représente une baisse de 15 % par rapport à 2022. Cette baisse s’explique par :

  • l’intégration de l’inflation dans les facteurs d’émission ;
  • la hausse de nos dépenses de marketing et de communication ;
  • la hausse de l’usage de nos services bancaires ;
  • la hausse de notre effectif.

Stabilité relative des autres postes d’émissions

 

Poste20222023Évolution
Effectifs moyens61 employés64 employés+4 %
Empreinte de nos activités369 tCO2e313 tCO2e-14%
Empreinte/employé6,10 tCO2e/employé4,9 tCO2e/employé-17 %

Objectifs pour 2024 :

  • continuer d’améliorer la qualité des données que nous utilisons ;
  • mieux mesurer les émissions liées à nos achats de services.

Prochaines étapes

  • Publier un bilan carbone semestriel afin de mieux tenir informés nos clients, prospects et investisseurs de nos actions.

Nous avons travaillé en 2023 sur l’automatisation de la collecte de nos données comptables et environnementales, afin de pouvoir suivre nos progrès mois après mois — et non pas année après année. Nous voyons la comptabilité carbone comme un type de comptabilité à part entière. Ainsi nous avons la volonté de réaliser notre comptabilité carbone comme nous produisons notre comptabilité. C’est pourquoi nous formons notre équipe financière pour qu’elle puisse gérer la première comme elle gère la seconde. Nous espérons que notre exemple permettra de montrer aux PME qu’elles peuvent s’engager dans une démarche environnementale, année après année, sans devoir bouleverser leurs procédures comptables.

Références

Nos initiatives

En interne

  • Mise en avant des repas végétariens lors des évènements d’équipe
  • Préférence accordée au train par rapport à l’avion ou la voiture
  • Prise en compte de l’empreinte de nos partenaires dans nos achats

Pour nos clients

Pour le secteur bancaire

Nos publications

Nos données open-source

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Benjamin Paboudjian

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