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Parlons banque

Comment savoir si vos flux et vos crédits sont bien répartis entre vos différentes banques ?

Brice Boulesteix

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15 janvier 2021

Ça y est, vous avez suivi notre conseil : vous êtes entré en relation avec une autre banque. Votre entreprise a maintenant des comptes dans plusieurs banques, ce qui vous amène à vous interroger sur la répartition de vos flux entre vos différentes banques. Suivez le guide. Brice Vimont, notre directeur commercial, répond à toutes les questions que vous vous posez sur la répartition de vos flux de trésorerie et de vos crédits.

J’ai ouvert un compte courant dans une autre banque, en complément de ma banque habituelle. Et maintenant ?

Maintenant, vous pouvez souffler un bon coup, car vous avez fait le plus dur. En ouvrant un compte pour votre entreprise dans une deuxième banque, vous vous mettez à l’abri d’un éventuel revirement de votre banque principale. C’est très précieux, car vous ne dépendez plus d’un seul et unique établissement bancaire. La nouveauté pour vous, c’est que vous devez maintenant déterminer comment répartir vos flux de trésorerie et vos crédits entre vos différentes banques, entre vos différents comptes. Vous allez voir, ce n’est pas aussi compliqué que ça en a l’air.

Merci pour vos encouragements. Juste, que je sois sûr de bien comprendre : quand vous parlez de répartition des flux, vous parlez des flux entrants, des flux sortants, ou des crédits ?

Nous parlons des trois à la fois, comme s’ils formaient un tout. Par exemple, quand nous vous conseillons de confier 40 % de vos flux à votre deuxième banque, nous parlons de lui confier 40 % de vos flux entrants, 40 % de vos flux sortants, et 40 % de vos crédits. C’est plus simple ainsi selon nous. Je ne sais pas si c’est clair pour vous.

C’est clair pour moi, mais je veux bien un ou deux exemple pour être sûr. Vous auriez ça ?

Oui, bien sûr. Admettons que vous ayez des comptes à la BNP et à la Société Générale — en attendant d’en avoir un chez Memo Bank par exemple. Vous allez devoir répartir vos différents types de flux entre la BNP et la Société Générale. Vous pourriez confier vos encaissements publics (flux entrants) et vos salaires (flux sortants) à la BNP. En parallèle, vous pourriez confier vos encaissements privés (flux entrants) et vos règlements fournisseurs (flux sortant) à la Société Générale. De cette manière, chaque banque aurait ses propres types de flux, qu’ils soient entrants ou sortants. En jouant sur la part que chaque type de flux représente dans votre bilan, vous pourriez ensuite favoriser l’une des deux banques au point d’en faire votre banque principale, de fait. Chaque type de flux serait ainsi associé à une certaine banque, et chaque banque recevrait une certaine part de vos flux.

Merci pour cet exemple. En parlant de répartition de flux, je comptais confier la même part de flux à chacune de mes banques, pour simplifier mes calculs. Vous validez l’idée ?

Non, pas vraiment (désolé). Entendons-nous : il ne vous arrivera rien de grave si vous confiez des parts égales de vos flux à chacune de vos banques. Le ciel ne vous tombera pas sur la tête. Mais, en faisant cela, en traitant vos banques de manière égalitaire (50/50), vous allez vous priver du puissant levier que représente la concurrence, la mise en concurrence des banques entre elles. En tant que client, vous avez tout à gagner à traiter vos banques de manière inégalitaire, à favoriser une banque pour rendre l’autre jalouse. C’est bête, mais gardez en tête que vos banquiers sont des commerciaux qui ont des objectifs, un portefeuille de clients à développer, des parts de marché à gagner (au détriment de leurs concurrents). Si vous mettez vos deux banquiers à égalité, rien ne se passera. En revanche, si vous introduisez un déséquilibre, vous donnerez envie à votre banquier secondaire de rattraper votre banquier principal, ce qui se traduira très concrètement par de meilleures conditions tarifaires pour vous. Au total, bien que le 50/5O soit séduisant pour sa simplicité mathématique, il s’avère moins efficace que le 60/40 ou le 70/30 en pratique, sur le plan commercial. C’est la raison pour laquelle nous vous conseillons de favoriser l’une de vos deux banques, en lui confiant la majorité de vos flux.

Je vois, je vois. Mais si l’inégalité joue en ma faveur, comme vous le dites, pourquoi ne pas aller jusqu’au 90/10 dans la répartition des flux ? Pourquoi ne pas aller au bout de l’inégalité ?

Favoriser l’une de vos banques n’implique pas de délaisser l’autre pour autant. Ne tirez pas trop sur la corde. Si vous ne confiez aucun flux à votre banque secondaire, cette dernière ne sera pas jalouse de votre banque principale, mais indifférente vis-à-vis de votre PME ; elle risque alors de vous laisser tomber à la moindre difficulté. Tout est affaire de dosage. Comme vous n’avez que deux banques à ce stade, nous vous conseillons de confier au moins 30 % de vos flux à votre banque secondaire, histoire de l’impliquer un minimum dans vos projets, d’en faire un partenaire sur lequel vous pourrez vous appuyer en cas de besoin. Si vous ouvrez ensuite un compte dans une troisième banque, confiez 50 % de vos flux à votre banque principale, 35 % à votre deuxième banque, et 15 % à la troisième — assez pour que cette dernière s’intéresse à vous, mais pas assez pour qu’elle reste les bras croisés. Si vous faites appel à plus de trois banques, conservez toujours une banque principale — à qui vous confiez la plus grande part de vos flux (mais pas trop non plus) — et gardez toujours une banque en embuscade — à qui vous confiez une petite part de vos flux (juste assez pour l’impliquer). Bien sûr, ces répartitions valent aussi pour vos crédits.

Alors, autant je suis prêt à répartir mes différents flux de trésorerie sur plusieurs banques, autant j’ai du mal avec l’idée de prendre des crédits dans plusieurs banques. Pourquoi ne pas prendre tous mes crédits dans la banque la moins chère ?

Quand vous avez besoin d’un crédit, le taux d’intérêt proposé par la banque est évidemment un critère à prendre en compte, mais ce n’est pas le seul critère à étudier. Vous devriez aussi prendre en compte les garanties demandées par la banque et les délais sous lesquels elle peut vous débloquer les fonds de votre emprunt. Voyez le crédit comme un tout, un ensemble, dont le taux d’intérêt ne représente qu’une partie. Par ailleurs, en confiant tous vos crédits à une seule et même banque, vous deviendrez de fait dépendant de la banque auprès de laquelle vous emprunterez. Or, l’avantage d’avoir plusieurs banques, c’est de ne dépendre d’aucune d’entre elles. Ne ruinez pas cet avantage pour grappiller quelques dixièmes de point de pourcentage sur un taux d’intérêt pour un crédit en particulier. Ça n’en vaut pas la peine et ça ne vous sauvera pas en cas de coup dur. Pour diversifier vos sources de crédit, nous vous conseillons de répartir vos crédits sur toutes vos banques — oui, toutes, vraiment. De cette manière, vous impliquerez toutes vos banques dans la vie de votre PME, et ce sur plusieurs années. Au total, vous y gagnerez, car une banque qui vous a prêté sur le long terme vous soutiendra volontiers à court terme, lors d’un éventuel trou d’air.

C’est intéressant ce que vous dites. Donc si une banque m’accorde un emprunt, ça veut dire que je suis tranquille pour quelques années, au moins jusqu’à la fin de mon crédit, non ? Je la tiens par le crédit, en quelque sorte, c’est bien ça ?

Oui et non. N’allez pas croire que votre banquier dira amen à tout sous prétexte qu’il vous a octroyé un prêt. Les prêts sont un produit d’appel pour les banques — elles s’en servent pour attirer de nouveaux clients et capter ainsi de nouveaux flux, mais elles n’en vivent pas, du fait des taux très bas. Quand une banque vous accorde un emprunt, elle prend un risque pour lequel elle espère être rémunérée, récompensée, sous la forme de flux que vous lui confiez. C’est la raison pour laquelle il est d’usage de confier à une banque autant de flux qu’elle vous accorde de crédits. Par exemple, si votre banque secondaire vous accorde un prêt qui représente 35 % de vos crédits, confiez-lui 35 % de vos flux de trésorerie (entrants et sortants). Inversement, si vous avez confié 60 % de vos flux à votre banque principale, arrangez-vous pour que 60 % de vos crédits viennent de chez elle. C’est aussi simple que ça. C’est du donnant-donnant. Votre banquier vous prête, vous témoigne de la confiance ? Accordez-lui la vôtre en retour et confiez-lui une part équivalente de flux, pour lui permettre de rentabiliser sa prise de risque.

Je comprends l’intérêt d’entretenir de bonnes relations avec ses banquiers, mais que faire si l’un d’entre est affecté ailleurs, à un autre poste, ou s’il part à la retraite ? Je n’ai pas très envie de repartir à zéro avec son successeur.

En tant que client, vous pouvez choisir vos banques, vous pouvez parfois choisir vos banquiers, mais vous ne pouvez jamais choisir le temps que vos banquiers passeront sur leur poste, à vos côtés. Cette décision appartient aux banques qui emploient vos différents banquiers. Comme vous ne pouvez pas influer sur la longévité de votre banquier, nous vous conseillons de toujours entrer en relation avec plusieurs personnes au sein d’une même banque. Ne vous arrêtez pas à votre banquier, parlez aussi à son responsable, ou à un autre banquier. De cette manière, vous augmentez vos chances de toujours avoir un point de contact au sein de vos différentes banques, même si l’un de vos banquiers venait à s’absenter ou changer d’affectation. On en revient toujours au même : ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier, ne confiez pas tous vos flux ou tous vos crédits à la même banque, ne faites pas reposer votre relation avec une banque sur un seul et unique banquier.

Portrait de Brice Boulesteix

Brice Boulesteix

Rédacteur

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