Valorisation
Pour qu’un fonds de capital-risque puisse prendre une participation dans votre entreprise, vous devez déterminer la valorisation de votre entreprise, c’est-à-dire ce qu’elle vaut, son prix. Le marché peut bien sûr vous aider à établir une valorisation, mais rien ne vous empêche de proposer un chiffre. Quelle que soit la méthode que vous retenez pour la déterminer, votre valorisation a son importance, car elle va déterminer les conditions dans lesquelles vous allez pouvoir lever.
Exemple de calcul de valorisation
Admettons que vous fixiez la valorisation de votre entreprise à 10 millions d’euros. Admettons aussi que vous ayez émis 10 millions d’actions au total. Dans ces conditions, l’action de votre entreprise vaut 1 €. Si vous souhaitez lever 2 millions d’euros, vous allez émettre 2 millions d’actions supplémentaires, des actions que vous allez proposer à des fonds, ce qui aura pour effet de porter le nombre total d’actions à 12 millions (10 + 2). Dans le même temps, la valorisation de votre entreprise passera à 12 millions d’euros, car il y aura alors 12 millions d’actions à 1 € en circulation. Au total, vous céderez 2 millions d’actions (sur un total de 12) à un fonds de capital-risque, ce qui revient à diluer votre participation de 16,67 % (2/12). Si vous déteniez 100 % de votre entreprise avant la levée de fonds, vous ne détiendrez plus que 83,33 % à l’issue de votre levée.
Les questions à vous poser
Une valorisation très élevée n’est pas une garantie de succès. Avant de lever des fonds avec sur la base d’une valorisation conséquente, demandez-vous si vous avez des chances de dépasser la valorisation en question dans les 6 à 12 mois qui suivent. Si vous avez des doutes, mieux vaut lever sur la base d’une valorisation plus modeste, que vous avez plus de chances de réellement atteindre à terme. Demandez-vous aussi si des acheteurs accepteraient de payer plus cher que votre valorisation actuelle pour racheter votre entreprise. Si la réponse est non, alors vous devriez peut-être envisager une introduction en bourse — en espérant qu’elle se fasse à un prix supérieur à votre dernière valorisation en date.
Montant envisageable
Le montant qu’un fonds de capital-risque peut injecter dans votre entreprise dépend de la maturité de votre produit, de votre nombre de clients que vous avez, et de votre rythme de croissance durant les mois qui précèdent la levée.
En France, vous pouvez tabler sur les ordres de grandeur suivants lors des différents tours de financement possibles :
- Seed round : entre 300 000 € et 1 million d’euros ;
- série A : entre 1 et 5 millions d’euros ;
- série B : entre 5 et 50 millions d’euros ;
- série C : entre 5 millions et plus l’infini (environ).
Notez que le montant et la fréquence des tours de financement sont intimement liés à la conjoncture économique. En période de disette, certains fonds de capital-risque mettent leur chéquier sous clé. Inversement, en période d’euphorie, vous pourriez très bien vous retrouver avec plusieurs propositions sur la table à chaque levée de fonds. Les cycles de financement suivent les cycles économiques.
Délai d’octroi
Comptez 6 à 12 mois entre votre premier contact avec un fonds de capital-risque et l’octroi de votre financement. Si vous envisagez d’ouvrir votre capital à des fonds de capital-risque, vous gagneriez donc à prendre contact avec eux avant même d’avoir besoin d’un financement. Pour prendre les devants, vous pouvez faire en sorte de parler régulièrement à des gérants de fonds, même quand vous ne cherchez pas à lever des fonds.
Et si vous vous demandez comment hiérarchiser vos rendez-vous avec des fonds de capital-risque, arrangez-vous pour finir une série de rendez-vous par les fonds qui vous attirent le plus, de manière à vous faire la main auprès de fonds qui sont moins prioritaires à vos yeux. Les gérants de fonds savent que les entrepreneurs prospectent toujours auprès de plusieurs fonds avant de boucler une levée. C’est le jeu.
Durée de l’investissement
Les fonds de capital-risque cherchent généralement à revendre leur participation au bout de 5 à 10 ans — en faisant une plus-value au passage, idéalement. Il peut arriver que des fonds conservent leur participation pendant plus de 10 ans, pour aider une entreprise à devenir un acteur incontournable sur son marché par exemple.
Pour « sortir », c’est-à-dire pour revendre leur participation, les fonds attendent généralement l’un des trois évènements suivants :
- Votre entreprise est introduite en bourse (IPO) ;
- Votre entreprise est rachetée par un tiers (acquisition) ;
- D’autres investisseurs veulent vous financer (cash out).
Documents de référence
Si vous vous mettez d’accord avec un ou plusieurs fonds, vous signez une term sheet avec eux, c’est-à-dire un document qui fixe les conditions dans lesquelles les fonds acceptent de vous financer.