Face à la diminution de leurs revenus, le premier réflexe des banques est de réduire les coûts. Les restructurations et les fusions se multiplient, comme les fermetures d’agences. Ces fermetures, non seulement ne règlent pas le problème, mais se heurtent à une certaine conception française de la proximité : 83 % des clients des banques souhaitent en effet bénéficier de services en ligne et de proximité. Augmenter les tarifs semble constituer une meilleure piste, à condition de redonner de la valeur à des produits touchés par la banalisation, c’est-à-dire de réduire l’écart entre la valeur perçue par le client et la valeur réelle qu’apporte une banque et qu’elle devrait facturer. Le conseiller payant, tel que déployé chez BNP Paribas, est une idée intéressante, à même de séduire les clients s’ils en perçoivent la valeur ajoutée (avoir un conseiller plus compétent, plus réactif, plus disponible). Les clients sont prêts à payer pour un service de qualité, différenciant, et qui facilite leur quotidien. Je cite, pour exemple, le succès fulgurant de la start-up californienne Superhuman qui propose une plateforme d’e-mails à 30 dollars par mois, alors que Gmail est gratuit.
Ce raisonnement vaut pour les frais de tenue de compte, dont il faudrait surtout étayer les motifs et l’utilité, à l’heure où la gratuité des comptes en ligne est de plus en plus souvent revue et corrigée par les fintechs, ces promotrices de la veille, qui sont elles aussi contraintes de s’adapter à un monde qui bouge. La facturation des dépôts, déjà normalisée en Allemagne ou au Danemark, où les banques répercutent les taux négatifs de la BCE en taxant les dépôts des clients institutionnels, des grandes entreprises, voire des particuliers fortunés, semble une autre solution à la fois pérenne et acceptable pour le plus grand nombre, à plus forte raison si l’ensemble des banques pouvait s’entendre sur ce point. En fin de compte, il s’agit moins de créer de nouvelles sources de revenus que de justifier et d’expliquer le prix de services, conseils et outils que les clients pensaient ne pas avoir à payer, ou payaient sans le savoir.