La promesse qu’il y a derrière la facturation du conseil bancaire est celle de chargés d’affaires mieux formés, plus compétents, plus disponibles, proposant un accompagnement plus poussé. Le dispositif a de quoi séduire — et il séduira sûrement certains clients. Mais le problème fondamental qui se pose aux banquiers est d’abord celui de l’organisation des banques. Ce que les clients ignorent, et d’ailleurs peut-être n’ont-ils pas à le savoir, c’est que le conseiller doit faire beaucoup de politique interne. Il doit faire en sorte de faire avancer les dossiers de crédit pour lesquels il n’a pas une délégation de pouvoir suffisante, parfois les faire remonter au siège, faire valider ceci, vérifier cela auprès du service juridique, demander tel papier à tel service (oui, du papier, encore…), faire des allers-retours, refaire valider un dossier : sa capacité de réactivité, qu’on imagine à tort limitée aux horaires d’ouverture de l’agence, est profondément liée à la politique interne de sa banque et à ses processus.
Il faut libérer les conseillers bancaires. Les libérer d’une organisation contraignante qui les frustre au quotidien et les empêche, concrètement, de faire correctement leur travail. D’autant que le travail de banquier ne s’arrête pas là ; le suivi des dossiers n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car le chargé d’affaires est un couteau suisse : il doit monter des dossiers de crédit, les envoyer au service des engagements, gérer au quotidien les flux de clients, en prospecter de nouveaux (c’est aussi un commercial), assurer l’assistance technique et appeler son service IT pour son client, rappeler ce dernier… Ce côté couteau suisse fait que, au bout d’un moment, le banquier doit porter plusieurs casquettes et assurer des missions très variées, tellement variées qu’elles le détournent du cœur de son métier : la relation avec le client. Pour délester les banquiers de toutes les tâches qui les éloignent inexorablement de leurs clients, la mise en place d’un service client dévolu aux démarches purement administratives des clients peut aider — en laissant les banquiers se concentrer sur l’essentiel : leurs clients.