Le Sénat veut faire durer le prêt garanti par l’État
Dans l’air, le son se déplace à la vitesse de 340 mètres par seconde, soit un peu plus de 1 220 km/h. Le son va vite. Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les aviateurs considéraient qu’il était impossible d’aller plus vite que le son, même à bord d’avions de chasse optimisés pour la vitesse. Comme aucun avion ne semblait en mesure d’atteindre le seuil supersonique (Mach 1), les ingénieurs de l’époque se sont mis à parler du « mur du son » pour désigner cette vitesse inaccessible, indépassable.
Depuis, le mur du son a été franchi à de nombreuses reprises, par de nombreux pilotes, si bien que l’expression est passée dans le langage courant. En entrant dans la langue de tous les jours, la notion de mur du son a même fait des petits, des émules. Le fameux « mur de la dette », dont il est abondamment question en ce moment, ne serait sans doute pas si populaire si la notion de « mur du son » n’existait pas, si elle n’avait pas préparé le terrain.
Parler de « mur de la dette » est devenu tellement commun qu’on trouve des occurrences de cette expression jusque dans des rapports très sérieux. À titre d’exemple, le Sénat vient de publier un rapport qui formule des propositions censées aider les entreprises à « sortir du prêt garanti par l’État » dans le but de « contourner le mur de la dette ». Pour rédiger ce rapport, le Sénat a fait appel à Jean-Paul Husson, rapporteur général de la commission des finances, et sénateur de la Meurthe-et-Moselle.
Dans son rapport, monsieur Husson s’inquiète de voir que l’endettement des entreprises françaises reste relativement élevé, alors que ces dernières vont avoir besoin d’investir dans les mois qui viennent. Comment faire en sorte que les entreprises remboursent leurs mensualités de crédit sans sacrifier leur avenir pour autant ? Pour donner de l’air aux dirigeants endettés, le rapport Husson recommande au gouvernement d’allonger la durée de remboursement du prêt garanti par l’État (PGE). Concrètement, le Sénat propose de passer de 6 à 10 ans la durée maximale des PGE, ce qui permettrait aux entreprises d’étaler leurs remboursements sur quatre années supplémentaires.
Comme la Commission européenne interdit à la France de garantir des PGE au-delà de 6 ans, 65 sénateurs, dont monsieur Husson, ont écrit au ministre de l’Économie pour lui demander de négocier avec la Commission un aménagement qui permettrait d’allonger les PGE sans faire sauter la garantie de l’État. Méfiance tout de même. Si l’idée d’un allongement du PGE fait son chemin, rien n’est joué à ce stade. Il n’est pas certain que cette proposition franchisse le mur de Bercy, et encore moins celui de Bruxelles, bien qu’elle ait déjà passé le « mur d’Husson ».
Les PME ne sont pas assurées contre les cyber-attaques
Les pirates ne frappent pas au hasard. Avant de mener une attaque informatique, ils sélectionnent leur victime, ils la choisissent en fonction de plusieurs critères. Quels sont leurs critères ? Difficile de dresser une liste exhaustive, mais les pirates prennent généralement pour cible des entreprises qui : ont les moyens de payer une rançon (1), pourraient être embarrassées par des fuites de données (2), ne peuvent pas tolérer très longtemps une panne informatique majeure (3).
Comme les entreprises qui cochent ces trois cases sont généralement des grandes entreprises (5 000 salariés et plus), les PME ne se sentent pas forcément concernées par les cyber-attaques. Certains dirigeants tendent à penser que les PME sont trop petites ou trop moyennes pour intéresser les pirates. Hélas, c’est faux. S’appuyant sur des chiffres de 2017, la Gendarmerie nationale a montré en 2019 que les trois quarts des PME françaises avaient déjà fait l’objet d’une cyber-attaque. Depuis, le nombre de cyber-attaques a été multiplié par quatre.
Bien que les PME soient devenues une cible valable aux yeux des pirates, le nombre de PME assurées contre les risques liés aux cyber-attaques se compte presque sur les doigts d’une main. Seules 0,0026 % des PME sont assurées contre les piratages, d’après les chiffres que vient de publier l’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (AMARE). À titre de comparaison, 8 % des entreprises de plus de 250 salariés (ETI) ont souscrit une assurance de ce type, alors que 87 % des grandes entreprises (GE) sont déjà couvertes contre les cyber-attaques.
Que faire alors ? D’abord, sensibiliser les dirigeants de PME à la protection des données, pour les inciter à adopter de bonnes habitudes en la matière. Ensuite, encourager les PME à s’assurer contre les risques liés aux piratages, pour qu’elles soient couvertes en cas d’attaques — car même les meilleures habitudes numériques du monde ne permettent pas de se prémunir à vie contre les cyber-attaques. Au même titre que les dégâts des eaux et les dommages électriques, les PME vont devoir s’habituer à se couvrir contre les risques informatiques.
Problème : de leur côté, certains assureurs rechignent à couvrir certains types de cyber-attaques. En France, Axa vient par exemple d’annoncer que les entreprises victimes d’une attaque par rançongiciels ne seraient plus indemnisées si elles versaient une rançon aux pirates. Ironie de l’histoire, et preuve que les assureurs vont devoir vivre avec les risques de piratages, une filiale asiatique d’Axa a subi une attaque par rançongiciel quelques jours après l’annonce faite par Axa en France.
Les prêts participatifs cherchent des participants
Au cinéma, le deuxième ou le troisième volet d’une saga rencontrent généralement moins de succès que le premier. Qui se souvient des Visiteurs 2 ou des Bronzés 3 ? Pas grand monde. Les suites se vendent mal. Les producteurs ne l’ont pas voulu ainsi, mais c’est ainsi. Bien que les prêts participatifs n’aient rien à voir avec les salles obscures, le peu de succès que ces prêts semblent rencontrer jusqu’à présent laisse penser que la loi des sagas vaut aussi pour les mesures de soutien aux entreprises.
Censés prendre le relais des prêts garantis par l’État (PGE), les prêts participatifs peinent à trouver leur public, et ce alors que la plupart des banques traditionnelles les proposent déjà (sous certaines conditions) depuis plusieurs semaines. Encore une fois, le numéro deux fait moins bien que le numéro un. À qui la faute alors ? À la complexité des prêts participatifs, sans doute. Contrairement au PGE, dont la mécanique était relativement simple, le fonctionnement des prêts participatifs est plus élaboré, plus sophistiqué, ce qui peut rebuter certains dirigeants.
Autre cause possible du peu d’intérêt des chefs d’entreprise pour les prêts participatifs : l’ambiguïté de leur statut, le flou autour de leur vraie nature. Présentés comme des « quasi fonds propres » par le gouvernement et les banques, c’est-à-dire des prêts censés consolider le bilan des entreprises, ces prêts n’en restent pas moins… des prêts, c’est-à-dire de la dette, de nouvelles créances qui viennent s’ajouter aux créances existantes. Alors que la plupart des entreprises cherchent à se désendetter, en remboursant leur PGE notamment, le recours à de nouveaux crédits ne semble pas être à l’ordre du jour pour tout le monde.
De son côté, le ministère des finances assure travailler sur une foire aux questions (FAQ), c’est-à-dire un document censé répondre aux questions que les chefs d’entreprise peuvent se poser sur les prêts participatifs. Pour Bercy, il s’agit de rassurer les dirigeants en leur confirmant que les prêts participatifs leur permettront de décrocher des crédits d’investissement plus facilement. Qu’on parle de cinéma ou de crédits, un peu de promotion ne fait jamais de mal.