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Le télétravail ne prend pas de congés

Hadrien Léger

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18 mars 2022

La newsletter Memo Bank du 18 mars 2022.

Bonjour, vous lisez la newsletter de Memo Bank, la nouvelle banque indépendante pour les PME. Si vous nous suivez déjà depuis quelque temps, merci beaucoup. Et si vous nous découvrez tout juste, bienvenue à vous.

À lire

Le télétravail est devenu une habitude (mais pas pour tout le monde)
Qui se souvient des grèves de décembre 2019, quand la SNCF et la RATP n’assuraient que très partiellement leur service de transport ? Privés de trains, d’autobus, et de métro, les travailleurs d’Île-de-France avaient alors dû se rabattre sur des moyens de transport individuels, comme le vélo, la marche, et la voiture — avec le succès qu’on connaît. Au matin du 9 décembre 2019, il y avait 631 km de bouchons sur les routes franciliennes. Un record. Partir plus tôt n’y changeait rien, puisque les bouchons commençaient à se former dès 5 h 30 du matin…

Constatant que leurs salariés passaient plus de temps dans les bouchons que dans les bureaux, certains dirigeants avaient profité de la grève pour généraliser le télétravail. Le raisonnement était simple : puisque la plupart des cadres n’ont plus besoin d’être présents au bureau pour travailler, qu’ils travaillent depuis chez eux, temporairement, faute de mieux. À l’époque, le télétravail avait permis à certaines entreprises de poursuivre leur activité en ligne, le temps que la grève passe. La grève a pris fin au bout de quelques semaines et le télétravail est redevenu exceptionnel — seuls 3 % des salariés faisaient au moins 1 jour de télétravail par semaine en 2019.

Vous connaissez la suite. Arrive mars 2020 et le premier épisode de confinement. Les entreprises doivent à nouveau trouver un moyen de poursuivre leur activité sans pouvoir compter sur la présence de leurs salariés. Rebelote. Cette fois, la situation est pire qu’en décembre 2019, puisque tous les salariés doivent rester chez eux, y compris ceux qui pourraient facilement se rendre au bureau. À quoi assiste-t-on alors ? À un nouveau pic de télétravail. La part de salariés qui travaillent au moins partiellement depuis chez eux passe de 3 % à 25 %.

Est-ce à dire que l’épidémie de Covid-19 n’a pas eu beaucoup plus de conséquences sur l’organisation des entreprises qu’une grosse grève des transports ? Pas vraiment. Contrairement aux grèves de décembre 2019, l’épidémie de Covid-19 n’est pas retombée au bout de quelques semaines. Alors que le télétravail était reparti aussi vite qu’il était venu lors des grèves de 2019, ce mode d’organisation du travail à distance n’a jamais quitté le devant de la scène depuis le début de la pandémie. Pour preuve, la part de salariés qui télétravaillent régulièrement n’est pas repassée sous la barre des 10 % depuis mars 2020, même durant les périodes de relâchement sanitaire.

Le télétravail va-t-il redevenir marginal une fois la pandémie résorbée, comme en 2019, une fois les grèves terminées ? C’est possible, mais peu probable. Au contraire, le télétravail semble parti pour durer. Et toutes les entreprises sont concernées, y compris les PME. Dans les entreprises de 50 à 250 salariés, par exemple, 23,6 % des employés ont télétravaillé au moins une fois par semaine en 2021 — c’est plus que la moyenne des entreprises (toutes tailles confondues), qui se situe à 21,7 %. Les 3 % de 2019 semblent bien bas en comparaison. Par sa durée et son ampleur, la crise sanitaire a pulvérisé des barrières que les grèves de 2019 n’avaient fait qu’émousser.

Si les cadres semblent avoir bien intégré que le télétravail fait désormais partie du paysage, les chefs d’entreprise semblent avoir plus de mal à s’y faire. Chiffres éloquents : alors que 41 % des cadres de PME se disent réticents à l’idée de rejoindre une entreprise qui ne propose pas de télétravail, seuls 20 % des dirigeants de PME interrogés par l’APEC estiment que l’absence de télétravail dans leur entreprise constitue un frein pour le recrutement. Deux salles, deux ambiances, comme on dit. En refusant le télétravail, certains dirigeants risquent d’avoir du mal à recruter, mais ils risquent aussi et surtout d’avoir du mal à garder les salariés qui ont goûté à la flexibilité offerte par ce mode de travail.

Le gouvernement relève le plafond du prêt garanti par l’État
Le prêt garanti par l’État (PGE) est aux entreprises ce que le parc du Futuroscope est aux parcs d’attractions : un dispositif novateur, qui a fait sensation au moment de sa sortie, mais dont le succès s’est rapidement estompé ensuite. Comme le parc poitevin ouvert en 1987, le PGE a fait sensation au moment de son lancement, en mars 2020. Et comme le Futuroscope, le PGE est toujours là, il fait toujours partie du paysage, les banques le proposent encore à leurs clients, mais les dirigeants qui y ont eu recours une première fois ne tiennent pas à y revenir de suite.

Dans ces conditions, si le parc du Futuroscope venait à baisser ses tarifs de 10 % en 2022, il est peu probable que les visiteurs qui s’y sont rendus en 2020 décident d’y revenir cette année. De la même manière, si le gouvernement venait à augmenter le montant maximum que les entreprises peuvent emprunter dans le cadre du PGE, il est peu probable que les dirigeants qui ont eu recours au PGE en 2020 se ruent sur leur banquier pour obtenir une rallonge en 2022. C’est pourtant ce que le gouvernement leur propose de faire, avec son nouveau plan de résilience économique et sociale.

Que contient le nouveau plan du gouvernement ? S’il ne modifie pas la durée de remboursement des PGE, le plan de résilience devrait augmenter le montant que les entreprises peuvent emprunter dans le cadre d’un PGE — y compris celles qui ont déjà eu recours à un PGE. Jusque-là, les dirigeants pouvaient emprunter l’équivalent de 25 % de leur chiffre d’affaires annuel dans le cadre du PGE. Avec le nouveau plan du gouvernement, ils devraient pouvoir emprunter l’équivalent de 35 % de leur chiffre d’affaires annuel. Autre mesure annoncée dans le cadre du plan de résilience : à partir du 1er juillet 2022, les entreprises qui le souhaitent pourront demander un nouveau PGE, pour emprunter jusqu’à 10 % de leur chiffre d’affaires annuel. Les contours de ces dispositifs doivent encore être discutés avec la fédération bancaire française (FBF), mais les propositions du gouvernement sont d’ores et déjà sur la table.

Quelle différence entre les deux mesures annoncées par le Premier ministre, Jean Castex ? Difficile à dire à ce stade. Il est possible que le nouveau PGE, celui qui sera introduit en juillet prochain, donne droit à deux années de répit supplémentaires, car il déclenchera un nouveau compte à rebours de remboursement. Inversement, demander une rallonge de 10 % sur un PGE existant, par exemple un PGE octroyé en avril 2020, ne devrait sans doute pas donner droit à un délai de remboursement supplémentaire. Il est donc peu probable que ces nouvelles aides rencontrent un succès fou, comme l’a fait savoir la confédération des PME (CPME). Et pour cause : les 5 % d’entreprises qui ont du mal à rembourser leur PGE n’ont rien à gagner à s’endetter davantage. Et celles qui n’ont pas utilisé l’intégralité de leur PGE (48 % des entreprises) ont sans doute des réserves suffisantes pour inviter leurs salariés au Futuroscope sans avoir à demander une rallonge à leur banquier.

À parcourir

Le télétravail est-il le paradis des glandeurs ? C’est le titre, un peu taquin, du dernier article de Bertrand Duperrin, le directeur des ressources humaines et des opérations de l’agence Emakina. À lire si vous avez une mauvaise opinion de ce mode d’organisation du travail. duperrin.com

Rappel : Memo Bank propose des virements instantanés au prix des virements ordinaires. Notre président, Jean-Daniel Guyot, a pris la plume sur Twitter pour en parler. Surprise : quand les virements instantanés ne sont pas surtaxés, les dirigeants s’en servent. twitter.com/jdguyot

Les PME sont de plus en plus nombreuses à se payer un nom de domaine qui se termine par « .fr ». C’est l’AFNIC, l’association qui gère les noms de domaine français, qui le dit dans son dernier rapport annuel. afnic.fr

Les banques américaines Goldman Sachs et JPMorgan Chase ont annoncé qu’elles se retiraient du marché russe, où elles emploient respectivement 80 et 100 salariés. nytimes.com (article en anglais)

Les allocations versées par les employeurs pour aider les salariés à travailler depuis chez eux resteront exonérées d’impôt sur le revenu, dans la limite de 580 € par an. L’exonération devrait être appliquée sur la déclaration de revenus 2021 des salariés concernés. economie.gouv.fr

Des chiffres

51 %. C’est la part des entreprises (tous secteurs confondus) qui déclarent avoir du mal à recruter, une part relativement stable depuis quelques mois, après un pic à 54 % en septembre 2021. D’après le dernier point de conjoncture de la Banque de France, 39 % des entreprises industrielles, 54 % des sociétés de services, et 60 % des entrepreneurs du bâtiment, disent faire face à des difficultés de recrutement.

Des lettres

« On a beau ne pas vivre, on prend quand même de l’âge. »

— Michel Houellebecq (1996). Le Sens du combat.

À pourvoir

Produit. — Nous cherchons un ou une product designer. Venez nous aider à concevoir des interfaces dont la forme respecte la fonction. Ne pas utiliser la police Papyrus pour votre lettre de motivation est un plus.

Design. — Nous avons un poste de senior user researcher à pourvoir. Si vous savez poser les bonnes questions, aux bonnes personnes, au bon moment, écrivez-nous.

Communication. — Nous sommes à la recherche d’un ou une responsable communication. Si vous savez transmettre des informations utiles aux gens de manière claire et créative, écrivez-nous.

Hadrien Léger

Rédacteur