Ces PME qui s’inspirent des start-up pour s’en sortir
Si les start-up ne sont pas des modèles réduits de grandes entreprises, que penser des PME ? Les PME sont-elles des start-up en plus grand ? À en croire Steve Blank, un professeur d’entrepreneuriat à l’université de Berkley, la réponse est non. Les start-up ne sont pas des PME en plus petit, pas plus que les PME ne sont des start-up en plus grand. Les start-up (jeunes pousses en français) sont des entreprises qui cherchent leur métier, ou plus précisément, qui cherchent la bonne formule pour réussir dans leur métier et grandir rapidement. À l’inverse, les PME sont des entreprises qui ont déjà trouvé leur métier, et qui ont mis en place des règles et des procédures pour continuer à bien faire leur métier, année après année. Pour Steve Blank, ce sont précisément les règles et les procédures mises en place par les PME — à juste titre — qui les empêchent d’innover aussi vite que les jeunes pousses, bien qu’elles possèdent davantage de maturité et de ressources que ces dernières.
Un récent article du New York Times nous apprend pourtant que des PME ont dû se réinventer sous l’effet de la crise économique et sanitaire, exactement comme savent si bien le faire… les start-up. L’article cite en exemple un fabricant de viennoiseries, qui vendait ses produits dans les supermarchés. Au printemps dernier, la viennoiserie a vu ses ventes baisser de 60 %, quand les supermarchés ont cessé de lui passer commande (pour se concentrer sur les produits de première nécessité). Ce genre de pépin n’étant pas prévu dans les règles et les procédures de la viennoiserie, sa fondatrice a dû improviser, comme le font régulièrement les jeunes pousses. C’est ainsi que la viennoiserie s’est mise à vendre ses bagels en ligne, directement à ses clients, sans intermédiaire, ce qui lui a permis de lancer de nouveaux produits plus rapidement qu’avant.
Monsieur Robot va vous recevoir
Bien que son épitaphe le présente comme « citoyen milanais » (milanese), Stendhal n’est pas né à Milan, mais à Grenoble, de l’autre côté des Alpes. Parlant de Grenoble, une ville entourée de massifs rocheux, Stendhal disait : « Au bout de chaque rue, une montagne. » Il suffit de se rendre dans la préfecture de l’Isère pour comprendre que Stendhal n’exagérait pas. De la même manière, il suffit de se rendre dans un village français pour s’exclamer, en paraphrasant Stendhal : « Dans chaque bourg, une agence bancaire. » Et pour cause, la France compte plus d’agences bancaires par habitant que ses voisins européens, comme nous l’avons déjà détaillé dans cette newsletter. Alors que la fréquentation des agences baisse (à mesure que les clients effectuent leurs opérations en ligne), les banques traditionnelles se demandent : que faire de toutes ces agences ?
Certaines banques envisagent de fermer une partie de leurs agences pour les remplacer par des camions itinérants, d’autres songent à se partager leurs agences respectives pour les occuper à tour de rôle, façon colocation. Si les banques s’interrogent sur le devenir de leurs agences, elles se posent aussi des questions sur leurs banquiers, les chargés d’affaires qui travaillent dans leurs agences. S’inspirant de la grande distribution, certaines banques envisageraient de remplacer une partie de leurs banquiers par des robots ou des hologrammes. Mais les rares clients qui vont encore en agence sont-ils prêts à être reçus par monsieur Robot ou madame Hologramme ? Non, pas à ce stade. Une étude menée sur le sujet montre que si les technologies sont plus ou moins prêtes, les clients, eux, ne sont pas prêts à confier leur destin financier à des robots.
Des noms et des régions derrière les licenciements
Quand vous ne savez pas à qui attribuer une citation, attribuez-la à Churchill. Tout le monde fait ça. Et si vous avez la certitude que Churchill n’est pas à l’origine de la citation en question, attribuez-la à Staline. Les époques concordent, c’est commode. Prenons un exemple. Sachant que la citation suivante n’est pas attribuée à Churchill, devinez à qui elle est associée : « La mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’hommes est une statistique. » Vous avez répondu Staline ? Vous avez juste. Bien joué ! Staline aurait effectivement dit ça, car Staline a sans doute compris assez tôt que les statistiques détournaient du réel, qu’elles diluaient la portée des évènements en les situant à l’écart de la vie.
C’est peut-être pour retourner le propos du petit père des peuples que Le Monde publie cette semaine un détail par entreprise et par région des licenciements qui s’amoncellent à l’horizon. Pour le quotidien français, il s’agit de briser l’effet agrégateur des statistiques, en donnant le nom et la localisation des entreprises qui vont être contraintes de licencier des employés. Si l’article du Monde permet de mesurer l’ampleur de la crise sociale qui nous attend en 2021, il pose aussi quelques questions : pourquoi la région de Toulouse est-elle plus touchée que les autres ? À l’inverse, pourquoi la Vendée semble mieux s’en tirer que la moyenne alors que les PME y sont plus représentées qu’ailleurs ?